Les gauches en Égypte au XIXe & XXe siècle

, par Equipe de rédaction

Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique n°105/106, juillet-décembre 2008.

« Les gauches en Égypte XIXe–XXe siècle »

Cette histoire est largement méconnue en France et dans les pays francophones. Il existe peu de travaux qui lui soient consacrés hormis les écrits de Jacques Couland, Maxime Rodinson ou d’Anouar Abdel Malek. Trop souvent, c’est le livre de Gilles de Perrault, Un Homme à part, consacré à Henri Curiel, qui est seul connu. Ce passionnant livre est cependant plus une épopée qu’une véritable étude historique et critique. L’idée est donc de revenir par des études de cas sur cette histoire. L’objectif est d’aborder le rôle de la gauche, sa trajectoire, ses interventions, ses productions théoriques mais aussi ses difficultés. Bref montrer sa richesse et sa diversité et discuter des enjeux et des problèmes auxquels les courants de gauche ont été confrontés dans ce très important pays du Proche-Orient.
Car les contributions et les expériences de gauche au cours de cette période ont concerné tant la sphère politique, avec de puissantes mobilisations anti-coloniales (tout particulièrement entre 1945 et 1952), que la sphère sociale avec un rôle influent dans les mouvements syndicaux et ouvriers (spécialement dans les années 1920 et les années 1945-52), les mobilisations estudiantines, sans oublier une importante contribution dans les sphères intellectuelles avec une production riche et variée tant politique (Sadeq Sa’d, Ibrahim Amer, Fawzi Guirguis), philosophique (Mahmoud Amin Al-‘Alem) que littéraire (citons dans le domaine romanesque ‘Abdel Rahman al Charqawi ou Youssef Idriss, en poésie Fou’ad Haddad, en théâtre avec No’man Achour et tant d’autres encore...). La gauche, les gauches devrait-on dire, a donc eu un rôle important, dynamique et influent en Egypte, autour de la problématique « classe et nation » dans une société dominée.

Dossier coordonné et introduit par Didier Monciaud, chercheur associé au GREMAMO, université Paris VII (France).
— Ilham Khuri-Makdisi, Northeastern University, Boston (États-Unis), « Intellectuels, militants et travailleurs : la construction de la gauche en Égypte, 1870-1914 ».
— Anthony Gorman, maître de conférences en Middle East Studies, historien et politologue, Université d’Edimbourg, « Socialisme en Égypte avant la premiere guerre mondiale : la contribution des anarchistes ».
— Zachary Lockman, professeur d’histoire à New York University. « La gauche et le mouvement ouvrier au début des années 1920 ».
— Anouar Moghith, professeur de philosophie, université d’Helwân (Egypte), « Un travaillisme egyptien autour de ‘Esam Hefni Nasef ou la production d’un marxisme indépendant et modéré dans l’entre-deux-guerres ».
— Katérina Trimi-Kirou, chercheuse au programme Pythagoras, Université de Salonique Aristote, « Être internationaliste dans une société coloniale : le cas des grecs de gauche en Égypte (1914-1960) ».
— Joel Beinin, directeur du Centre d’Etude Moyenne Orientale et professeur d’histoire, Université Américaine du Caire et professeur d’histoire, Université de Stanford, « Le marxisme égyptien (1936-52) : nationalisme, anti-imperialisme et réforme sociale ».
— Tewfik Aclimandos, Chercheur en sciences politques, CEDEJ, Le Caire.
« Les officiers et les communistes. Relations et tensions 1945-1954 ».
— Sherif Younis, historien, université de Helwan (Égypte), « Les communistes Egyptiens et le régime nassérien : confrontation, ralliement, intégration ».
— Roel Meijer, chercheur associé à l’Institut International d’Histoire Social (ISSG) d’Amsterdam (Pays-Bas), « L’élaboration d’un modernisme autoritaire : les intellectuels de gauche et la réforme de la société égyptienne dans les années 1950 ».
— Didier Monciaud, « Trajectoire d’une femme dans la gauche égyptienne : Soraya Adham (1926-2008) ».

NDLR. Les Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique ne doivent pas être confondues avec Les Cahiers d’histoire (revue réalisée par les universités de Clermont-Ferrand, Chambéry, Grenoble, Lyon, Saint-Étienne et Avignon).