Ce n’est pas à l’État et encore moins au peuple français que l’Indépendance de la Corse fait peur.
Il faut avoir le courage de le reconnaître : ce sont les Corses qui, aujourd’hui, ne veulent pas de leur liberté.
De ce point de vue, les diverses tendances autonomistes du mouvement national expriment assez bien la terrible ambiguïté qui est au cœur du nationalisme corse.
On veut, d’une part, être « suffisamment libre » et, d’autre part. continuer à bénéficier des avantages, dérogations et statuts divers octroyés par l’État voire par l’Europe. Il s’agit là d’un comportement infantile.
On le dira ici avec une profonde tristesse : l’État français entretient le peuple corse comme un bourgeois le ferait d’une danseuse : avec tout ce qu’il faut d’argent et de mépris.
Le peuple corse a appris à lever le poing. Il n’en continue pas moins de tendre la main.
Le mouvement national, toute honte bue, a intégré cette insoutenable contradiction sous l’influence réformiste et petite bourgeoise des leaders historiques de l’Action Régionaliste Corse.
Ces leaders parachèvent la liquidation de la lutte de libération nationale. Ils ont mis dans leur poche les « dirigeants » des racines cubiques de l’ex-FLNC qui portent la responsabilité première de la dissolution de l’organisation clandestine indépendantiste fondée le 5 mai 1976.
L’absence de formation de la base militante permet aux leaders néo-régionalistes de continuer à tenir un double discours. Publiquement on est réformiste et modéré, clandestinement on se déclare volontiers révolutionnaire et indépendantiste. Cette duplicité pratiquée depuis toujours par les leaders régionalistes de la première heure porte encore ses fruits. Dans de telles conditions, il est difficile de donner naissance à une structure indépendantiste.
Le peuple corse ne doit pas oublier qu’on finit toujours par mourir quand on ne rêve plus à la liberté.

Le poing levé et la main tendue
En février 1993, j’écrivais cet article pour dénoncer l’ambiguïté fondamentale du mouvement national héritée du double discours des leaders historiques de l’autonomisme. C’était deux ans avant que différentes fractions armées n’entament une lutte mortelle pour des dizaines de patriotes corses. Il n’est plus possible aujourd’hui de continuer à revendiquer quoi que ce soit à l’Etat colonialiste français. Il n’est plus possible de tendre la main et de mendier. Cette attitude réformiste absurde fait le jeu de l’Etat français dans sa volonté d’éliminer notre peuple par la colonisation de peuplement.