La venue du président de la République Française ne peut en aucun cas être qualifiée « d’historique ». Si parier comme le dit l’adage populaire, c’est faire plus que du bruit avec sa bouche, force est de constater que nous sommes loin du compte. C’est très précisément d’une laborieuse opération de communication dont il a été question ici. À constater le contentement exprimé par la droite, on peut être assuré que les visions gouvernementales sont aux antipodes d’une reconnaissance du peuple corse. Assez étrangement Macron s’est laissé aller à évoquer une communauté, alors qu’il ne cesse avec son gouvernement de fustiger tous ceux qu’ils soupçonnent de donner dans le registre du communautarisme.
Concrètement, la relation de dominant à dominés, qui caractérise la longue et sinueuse histoire des rapports de la part consciente du peuple corse avec l’État français, est maintenue. Il s’agit à n’en pas douter d’un lien de dépendance absolue. Cette relation s’avère certes non exclusivement mais bel et bien directement responsable du marasme culturel, économique et social qui définit le contexte actuel de l’île. Elle est la main qui plonge notre société dans le maelstrom de la globalisation libérale. Les derniers avatars dans le domaine du transport aérien en sont une des manifestations éclatantes.
Face à la déstructuration programmée de toute une société, Macron continue d’imposer la mise sous tutelle de notre pays. Aucune de ses propositions ne saurait s’inscrire dans une approche réellement démocratique. Il peut avancer ses pions, tant l’institutionnalisation du mouvement nationaliste l’y autorise. Au-delà des postures d’une radicalité qui se caractérisent surtout par un paternalisme de tous les instants, rien, en termes de projet de société alternatif, ne vient offrir des perspectives dignes de ce nom.
La construction d’une société expurgée de toutes les formes de domination sera à l’évidence remise aux calendes. Mais quoi qu’il en soit cette vole vaut mieux que des compromis de bric et de broc qui ne profiteraient qu’à une poignée de nantis.
Nous mettons en garde toutes celles et tous ceux qui se berceraient d’illusions. Le chaos qui s’en suivrait pourrait avoir de terribles conséquences, dont l’effacement définitif d’un peuple, hypothèse qui n’est pas à exclure. D’autant qu’en embuscade, des forces réactionnaires, voire néofascistes, forces délétères sont disposées à récupérer toutes les colères, comme ailleurs en Europe et dans le monde.
Fidèles à nos engagements, nous restons convaincus que seul l’exercice du droit à l’autodétermination offre de réelles avancées. Ce qui signifie concrètement que soient levées les tutelles qui entravent encore cette perspective démocratique.