Combien de ministres ou de députés macroniens, sans parler des ministres ou députés dans gouvernements précédents, sont pris dans des affaires judiciaires (triches, détournements, agressions sexuelles…) ? Quelques-uns ont été condamnés mais la plupart des autres ne le sont pas (pas encore ?) car la justice est très longue pour juger les gens de pouvoir. Ou bien ils ne seront seront jamais condamnés car pour ces gens là, la justice est tellement plus clémente et compréhensive. Ça s’appelle la justice de classe. il n’y a là dedans aucune surprise.
Mais quand même quand on entend le ministre de la justice ou plus précisément de « l’injustice » (impliqué lui aussi, faut le rappeler, dans des affaires de collusions d’intérêt) se vanter fièrement de l’action judiciaire, « expéditive et efficace », à l’égard des jeunes qui se sont révoltés dans les quartiers populaires suite la l’assassinat de Nahel, on se dit que ces gens là n’ont honte de rien, que leur arrogance, leur sentiment d’impunité d’homme de pouvoir est vraiment sans limite, que ces gens là sont vraiment dégueulasses.
Justifier, comme Dupont-Moretti l’a fait, comme d’autres le font aussi, les comparutions immédiates, les jugements en quelques jours ou même en quelques heures, les condamnations à plusieurs mois de prison ferme pour des jeunes émeutiers, tout cela est en réalité inadmissible, cela traduit bien le cynisme du pouvoir, de cette caste de privilégiés, mais aussi ça montre la haine de classe des possédants contre les pauvres.
Leur brutalité étant clairement la réponse, la revanche du pouvoir contre celles et ceux qui osent riposter, contester, quelque soit la manière, qu’il y ait violence ou pas, car de tout façon, la colère des pauvres sera toujours violente ou insupportable aux yeux des privilégiés et de tous ceux qui défendent le système ou l’ordre en place.
Quand l’ordre revient au calme, que la situation se stabilise, derrière le pouvoir frappe toujours plus fort. C’est ce qui se passe après les émeutes, c’est ce qui s’est passé après Ste Soline avec les dissolutions de collectifs et les arrestations de manifestant.es, c’est ce qui s’est passé après la mobilisation des retraites avec là encore des arrestations de syndicalistes ou encore avec les promesses d’une politique antisociale encore plus dures pour la suite.
Il y a une guerre de classes qui est de plus en plus brutales car le système est de plus en plus instable, les contestations de plus en plus nombreuses, la période étant sans doute devenue mouvementée pour un bon moment. Alors le camp des possédants sait qu’il faut taper fort, pour intimider, pour calmer, pour terroriser aussi. Pour que tout rentre dans l’ordre mais leur ordre à eux, celui de l’oppression et de l’exploitation capitaliste, celui de leurs bonnes affaires.
C’est compliqué pour nous aujourd’hui. Comment défendre nos droits et nos vies, comment empêcher les reculs, les attaques, les injustices ? Quand on a un pouvoir autoritaire et sans scrupule ? Quand on a une extrême-droite aussi influente et active, une extrême-droite déjà en partie au pouvoir ?
Le rapport de force nous est particulièrement défavorable mais dans le même temps, on sent bien que tout peut s’écrouler, que des bouleversements politiques sociaux peuvent rapidement arriver. Quoiqu’il arrive, on peut se dire qu’il ne faut pas lâcher la lutte, qu’il est urgent de coordonner les résistances, d’organiser le combat, de trouver les chemins qui nous permettront d’inverser le rapport de force, pour retrouver la confiance dans nos capacités à agir, pour redevenir efficace dans nos différentes mobilisations.
En tout cas, qu’on soit optimistes ou démoralisé.es, une chose est certaine, on a de plus en plus envie de régler les comptes avec les salauds qui nous gouvernent, avec les exploiteurs et les oppresseurs qui dirigent la société, avec tout ce système qui écrase la majorité des populations.