Albanie

, par Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale

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L’Albanie a été présentée, pendant des années, par des institutions internationales et la propagande impérialiste comme un pays exemplaire pour sa croissance économique et ses progrès spectaculaires dans la construction d’une « économie de marché ». Il a suffit de quelques jours d’un puissant mouvement populaire pour balayer ce mythe en mettant à nu les mécanismes pervers, les formes d’exploitation sauvages, les opérations de véritable escroquerie financière par lesquels ces prétendus résultats avaient été atteints.

C’est contre tout cela que les couches les plus larges du peuple albanais se sont révoltées. Elles se sont révoltées en même temps contre un régime politique, symbolisé par Berisha, qui, derrière la façade d’élections truquées dans une large mesure, cachait sa nature profondément antidémocratique, voire policière.

Les porte-parole des pays impérialistes et les médias à leur service ont présenté les protagonistes du mouvement des masses albanaises au mieux comme étant inspirés par des allégeances de clans, recoupant une division territoriale du pays, au pire comme faisant partie de bandes criminelles ou mafieuses. En fait, l’insurrection s’est étendue sous différentes formes au pays tout entier et n’aurait pas pu acquérir une telle ampleur sans une très large et active participation populaire.

Quant aux bandes criminelles, qui existent en Albanie de même que dans tous les pays du monde, elles n’ont fait qu’exploiter les conditions créées par le régime de Berisha et son pourrissement, en consolidant leurs liens avec les acteurs des multiples trafics internationaux et exploitant sans vergogne le désarroi de tous ceux qui ont voulu chercher une illusoire voie de salut en traversant la mer Adriatique. Ce n’est que par une mystification grossière qu’on a voulu les transformer en principales actrices du drame.

En fait, le mouvement de masses a avancé des revendications absolument légitimes : la restitution de l’argent volé par des opérations financières avalisées par le gouvernement, la démission du président Berisha, la dissolution de son principal instrument de pouvoir, la police secrète, des élections dans des conditions permettant l’expression de la volonté populaire.

Son caractère démocratique révolutionnaire s’est exprimé en même temps par la formation de comités populaires siégeant de façon permanente et coordonnés dans un comité national de salut publique. Toutefois, les comités n’ont pas atteint le niveau d’organes d’une véritable dualité de pouvoir s’opposant au régime en place. S’ils ont exigé le départ de Berisha, ils se sont limités à jouer, en substance, un rôle d’instruments de pression vis-à-vis du gouvernement Fino et ont accepté le déploiement de la « Force multinationale » baptisé opération Alba.

Le manque d’expérience des protagonistes du mouvement, les illusions encore assez répandues sur les partis existants et l’absence de noyaux politiques ayant une perspective politique d’ensemble ont pesé dans ce sens d’une façon déterminante.

La IVe Internationale exprime toute sa solidarité militante avec le mouvement insurrectionnel qui a secoué l’Albanie. Elle appelle à des mobilisations de soutien à l’échelle internationale et en premier lieu dans les pays qui ont lancé l’opération militaire. Il faut exiger :

  • la démission immédiate et sans conditions préalables de Berisha ;
  • la dissolution de la police secrète ;
  • le remboursement de l’argent volé par les escroqueries financières ;
  • la reconnaissance des comités populaires ;
  • le retrait de la force multinationale dont le but principal est la reconstruction d’un appareil d’État répressif antidémocratique et la sauvegarde de l’« économie de marché ».

13 mai 1997

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