Chávez, « incarnation de la révolution socialiste » ? Une réponse au camarade Piper

, par DE LA SIEGA Virginia, DIVÈS Jean-Philippe

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La dernière édition d’Inprecor (n° 528-529 de juin-juillet 2007) propose un article sur le Venezuela intitulé « Le défi du socialisme au XXIe siècle » [1]. Son auteur, Stuart Piper, est le correspondant latino-américain d’International Viewpoint, revue électronique anglophone de la IVe Internationale, où ce même texte avait été publié un mois plus tôt. La présentation qui y est faite du processus révolutionnaire vénézuélien et les conclusions politiques qui y sont tirées sont si manifestement erronées qu’il est nécessaire d’apporter une réponse.

À commencer par ce qui est dit du rôle de Chávez. Si l’on peut accepter l’affirmation générale que « le processus en cours au Venezuela peut être caractérisé comme une révolution nationaliste, anti-impérialiste et anti-néolibérale au sein de laquelle il y a une révolution socialiste en lutte pour en sortir », autre chose est celle, qui suit immédiatement, selon laquelle « paradoxalement, la personnalité de Chávez incarne les deux aspects. » Rien dans les faits ne justifie en effet un tel engouement.

À moins qu’attaquer le marxisme comme une théorie « dogmatique, dépassée et qui ne rend plus compte de la réalité actuelle », et dénoncer comme « obsolètes » « des thèses comme celle de la classe ouvrière comme moteur du socialisme et de la révolution » [2], constituent une contribution à la révolution socialiste ? Ou bien cela s’exprimerait-il dans la dénonciation de l’indépendance de l’UNT (Union nationale des travailleurs) par rapport à l’État ? [3] Mais il est vrai que le camarade Piper ne dit rien de l’UNT (dont il ne fait que mentionner le nom au détour d’une parenthèse à propos d’autre chose), c’est-à-dire paraît ignorer ce qui constitue le principal acquis de la révolution sur le plan de l’organisation avec ses 1,5 million de travailleurs organisés sur des bases de classe ; et qu’il ne cite pas davantage CCURA, le courant classiste, unitaire, révolutionnaire et autonome de l’UNT qui y est majoritaire.

Socialisme ou bonapartisme ?

La vie politique vénézuélienne est actuellement polarisée par les débats sur le projet de réforme de la constitution, qui a été proposé comme il se doit par Chávez lui-même, et que celui-ci entend soumettre à référendum une fois qu’il aura été approuvé par l’assemblée nationale (ce qui ne fait aucun doute). Que faut-il penser de sa proposition d’élection du président de la République pour sept années, au suffrage universel et avec possibilité de reconduction illimitée ? De celle qui inclut une reconnaissance constitutionnelle de la propriété privée des moyens de production ? De l’institutionnalisation des conseils communaux en tant que l’un des niveaux du pouvoir d’État ? Ou encore, des méthodes plébiscitaires qui sont mises en œuvre pour débattre et faire adopter cette réforme ?

Ce projet comporte cependant d’autres dispositions. Il prévoit ainsi la réduction légale de la journée de travail à six heures (au lieu de huit actuellement) sur six jours (soit 36 heures hebdomadaires), ce qui signifierait à l’évidence une conquête sociale très importante, même si l’on sait que la législation en vigueur n’est souvent pas respectée, y compris dans le secteur public. Une autre mesure permettrait au président de la République de prendre des zones économiques considérées d’intérêt national sous son administration directe. Les patrons, qui verraient ainsi limiter leur liberté économique, n’apprécient pas et protestent. On les comprend, mais la mesure controversée ne reste pas moins très éloignée du droit des travailleurs à décider eux-mêmes de la marche de l’économie et des entreprises.

Car un trait majeur de cette réforme constitutionnelle, et quelque chose qui imprègne plus généralement toute l’action de Chávez, est bien un caractère « bonapartiste » extrêmement prononcé. Autant dire que l’on croit rêver en lisant, sous la plume du camarade Piper, que Chávez « reconnaît la nécessité » de « développer une véritable direction collective et se libérer lui-même de la domination universelle d’un “caudillo” révolutionnaire, aussi honnête et capable qu’il soit », mais « ne semble pas savoir comment faire »...

Dès le début, dans le cadre d’un projet visant à faire du Venezuela un pays indépendant de l’impérialisme US, en tirant parti de son immense richesse pétrolière, Chávez s’est appuyé sur le mouvement de masse et lui a fait des concessions, tout en s’efforçant de le contrôler. Un mouvement de masse dont il faut rappeler qu’il est antérieur à l’émergence politique de Chávez : le processus révolutionnaire a éclaté avec le soulèvement populaire semi-spontané du Caracazo du 27 février 1989, noyé dans le sang (plus de 2 000 morts) par le gouvernement « social-démocrate » de l’époque, tandis que la figure de Chávez n’a surgi que trois années plus tard, lors du dénouement de sa tentative faillie de coup d’État.

La poussée des masses, ainsi que l’opposition frontale de la quasi-totalité de la bourgeoisie vénézuélienne, ont conduit le gouvernement à adopter certaines mesures de contenu partiellement anticapitaliste. Jusqu’à présent, elles sont cependant restées bien limitées, et cela n’empêche nullement le pouvoir de prendre position, chaque fois qu’il le juge opportun, en faveur des patrons contre les travailleurs. C’est par exemple le cas, en ce moment, à l’usine Sanitarios Maracay, dans l’État d’Aragua. Soutenus par l’UNT-CCURA, ses ouvriers avaient remis l’entreprise en marche après son abandon par son propriétaire, et ils en revendiquent l’étatisation sous leur contrôle et gestion. Mais ils viennent d’en être expulsés à la suite d’une action conjointe des autorités, de la bureaucratie syndicale liée au régime (la FSBT, Force syndicale bolivarienne des travailleurs) et du patron privé que le gouvernement entend maintenant restaurer dans ses droits.

Chávez ne fait donc pas que contrôler le mouvement de masse en lui accordant des concessions. Il maintient également une position d’arbitre entre des intérêts et secteurs sociaux notablement opposés. Entre les travailleurs et la bourgeoisie, bien sûr, mais avec aussi un troisième intervenant, celui que « Marea clasista y socialista » décrit comme « probablement le plus grand danger menaçant à cette étape la révolution bolivarienne » [4] : la bureaucratie bolivarienne, force sociale et politique de plus en plus influente et active, qui se développe à vitesse grand « v » dans le cadre et à l’abri des structures de l’État.

Un « laboratoire de démocratie socialiste » ?

« Le Venezuela, écrit Stuart Piper, est le premier laboratoire dont nous disposons (au moins depuis le Nicaragua des années 1980) pour vérifier à quoi pourrait rassembler une démocratie socialiste au XXIe siècle et de quelles stratégies nous pourrions disposer pour l’atteindre. »

Un autre sujet sur lequel il laisse libre cours à ses capacités d’idéalisation est celui des conseils communaux, récemment créés par la loi afin de promouvoir la « participation citoyenne » et qui sont actuellement au nombre de 18 000. Il s’appuie pour cela sur Roland Denis [5], selon lequel « les Conseils communaux, destinés à réunir 200-400 familles pour débattre des dépenses locales et des plans du développement, offrent une occasion historique pour abolir l’État bourgeois ». Et il considère comme exprimant « une vision de grande envergure » l’objectif fixé par Chávez dans son discours du 8 janvier dernier : « nous devons prendre la voie vers la création d’un État communal. Et le vieil État bourgeois, [...] nous devons commencer à le démanteler peu à peu, tandis que nous construisons l’État communal, l’État socialiste, l’État bolivarien — un État capable de réaliser une révolution. »

Nous qui pensions qu’un appareil d’État bourgeois ou bureaucratique ne pouvait en aucun cas se transformer progressivement et pacifiquement en « socialiste » ou « communal », encore moins au point de réaliser la révolution socialiste (en lieu et place des travailleurs), que cette compréhension faisait partie de l’abc de la conception marxiste révolutionnaire de l’État, et qu’elle constituait un acquis de la IVe Internationale...

Mais il est vrai que ce genre de théorie n’est pas nouveau. Ainsi, cela a été la justification mise en avant par la tendance Démocratie socialiste du PT pour renoncer à une stratégie de rupture révolutionnaire, en lui substituant « l’extension de la démocratie participative » à l’intérieur des structures de l’Etat bourgeois. On sait maintenant comment tout cela a fini ! Il n’empêche que c’est cette expérience catastrophique que le camarade Piper va revendiquer lorsqu’il veut formuler une réserve... à l’égard des conseils communaux vénézuéliens. « Au contraire du Budget participatif de Porto Alegre, les Conseils communaux n’ont pas la souveraineté absolue qui leur permettrait de décider de 100 % du budget local (un autre principe cardinal de l’expérience de Porto Alegre, bien qu’en fin de comptes il n’ait été mis que partiellement en pratique) », signale-t-il à ce propos. « Partiellement », c’est le cas de le dire : il est de notoriété publique que les dépenses de fonctionnement, de même que l’ensemble des recettes, étaient d’emblée exclues, et que n’étaient en réalité concernés qu’entre 10 % et (au grand maximum) 20 % du budget. [6]

Quoi qu’il en soit, tout cela confirme à nouveau quelque chose que nous avons dit à plusieurs reprises [7] : le fait que la LCR et la IVe Internationale aient très majoritairement rejeté l’évolution politique de la DS et au Brésil soutiennent aujourd’hui le PSOL est absolument positif, mais cela ne suffit nullement à résoudre les problèmes ; pour cela, il faudra accepter de tirer enfin des bilans sur le fond.

Les marxistes révolutionnaires et le PSUV

La référence à la DS est pour le camarade Piper si prégnante qu’il la répète à un autre endroit de son texte, lorsqu’il revendique le choix d’entrer dans le PSUV (Parti socialiste unifié du Venezuela) fait par « Marea Clasista y Socialista ». Selon lui, « il s’agit d’un combat très similaire à celui livré au cours des années 1980 par les camarades de la section brésilienne de la IVe Internationale pour construire le nouveau Parti des travailleurs en tant que “parti ouvrier sans patrons” et pour assurer en son sein un maximum de démocratie interne, le plein droit de tendances, la représentation proportionnelle des minorités au sein de la direction, un quota de femmes d’au moins 30 % etc. Un combat qui a eu beaucoup de succès et qui a joué un rôle clef pour que le PT soit durant plus d’une décennie une référence pour la gauche internationale. »

On lui laissera la responsabilité de cette appréciation de la politique des camarades vénézuéliens, mais il faut répondre à l’identification erronée à laquelle il procède entre le PSUV et le PT brésilien des années 1980. En effet, même si sa direction était dès le début contrôlée par un courant réformiste et bureaucratique — le courant de Lula —, le PT était indubitablement un parti de classe, né directement des grandes luttes ouvrières et démocratiques, anti-patronales et d’opposition à la dictature militaire, qui avaient ébranlé le Brésil à la fin des années 1970. Au contraire, le PSUV naît « d’en haut », de la décision et sous l’impulsion personnelles du chef de l’Etat vénézuélien.

Le PT des premiers temps a vraiment été un parti « sans patrons », et il se réclamait fièrement comme tel. Tel n’est pas le cas du PSUV, où les militants de « Marea Clasista y Socialista » entendent justement livrer cette bataille : faire avancer la nécessité d’un parti « sans patrons », et aussi — en remédiant à l’oubli du camarade Piper — « sans bureaucrates ni corrompus ». Leurs écrits montrent qu’ils sont conscients des difficultés de la tâche. Comme ils le signalent, la perspective d’un affrontement entre gauche et droite, entre les aspirations de la base et les intérêts des secteurs bureaucratiques, est d’ailleurs imminente alors même que le parti n’a pas encore été officiellement fondé.

L’entrée d’un courant marxiste révolutionnaire ne constitue en rien une garantie que la bureaucratie et ses alliés capitalistes ne s’approprieront pas le PSUV. Quant à en faire l’instrument politique de la révolution socialiste, la tâche serait si titanesque qu’elle en est hors de portée. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas mener aujourd’hui un combat dans ce sens. C’est au contraire sur la base d’une telle orientation que l’on peut se donner les moyens de convaincre et regrouper, dans le but d’œuvrer à la formation d’un parti révolutionnaire de masse. Avec cinq millions et demi d’adhérents, on est en présence d’un phénomène de masse considérable, face auquel il est de toute façon indispensable de se donner une politique.

Le PSUV est donc un projet de parti lancé d’en haut par un dirigeant et chef d’État nationaliste et anti-impérialiste, qui à cette étape n’a pas rompu avec la bourgeoisie (et dont rien n’assure qu’il le fera un jour), dans le but de canaliser au service de sa politique et de ses projets un formidable mouvement de masse. Le plus probable est que le PSUV se constitue au cours des prochains mois comme une formation pluriclassiste, avec à sa tête une direction bureaucratique et/ou petite-bourgeoise, mais avec à sa base une masse de travailleurs, étudiants et militants sociaux représentant les éléments les plus combatifs et radicaux du processus révolutionnaire.

Le débat qui s’est déroulé au sein du PRS (Parti de la révolution socialiste) [8] et du courant syndical CCURA, pour savoir s’il fallait ou non entrer dans le PSUV, s’est mené à partir de cette réalité politique. Le secteur minoritaire, dont le dirigeant le plus connu est Orlando Chirino, s’est déterminé en mettant au premier plan le fait qu’il est exclu que la direction et le cours politique du PSUV puissent représenter réellement les intérêts des classes laborieuses. Le secteur regroupé autour de « Marea Clasista y Socialista » a pris sa décision en fonction de la dynamique de masse que le PSUV incarnera, au moins dans un premier temps. Il faut souligner que ces camarades entrent drapeau déployé, prêts au combat, avec une politique totalement indépendante, et forts de l’influence qu’ils ont acquise dans le mouvement ouvrier et syndical. Dans ces conditions, leur choix nous paraît répondre à la nécessité d’une ligne révolutionnaire de masse, évitant les pièges du sectarisme comme de l’opportunisme, ces deux versants d’une politique « de témoignage » qui est encore plus impropre dans le cadre d’un processus révolutionnaire que dans des périodes plus courantes.

Malgré leur désaccord, qui pour être tactique n’a pas moins des conséquences pratiques énormes, les deux secteurs issus du PRS s’efforcent d’éviter les attaques publiques et continuent à travailler en commun au sein de CCURA et de l’UNT. Si cet engagement tient dans la durée (et il faudra que ce soit le cas, pour la défense de perspectives qui restent fondamentalement communes), cela pourra aussi constituer un exemple de comment gérer entre révolutionnaires des désaccords de cette nature.

Les véritables défis

Le camarade Piper termine son article en affirmant que « le processus révolutionnaire au Venezuela fait face à trois défis immédiats et à moyen terme ». Il s’agit à son avis de savoir : premièrement, si le PSUV pourra « devenir un véritable parti révolutionnaire de masse » ; deuxièmement, si les expériences de cogestion et contrôle ouvrier pourront se développer, se coordonner et s’étendre à « l’ensemble de l’économie » en incluant les conseils communaux ; et troisièmement, si les conseils communaux pourront « se transformer en authentiques centres de pouvoir populaire et assumer une capacité de décision souveraine sur tous les aspects des budgets locaux et régionaux et des plans de développement », jusqu’à « se fédérer à l’échelle nationale afin de construire un nouveau type d’État qui défend les intérêts populaires ». Ceci l’amenant à conclure que « les défis les plus immédiats sont démocratiques. Ils concernent l’extension radicale de la démocratie participative, au-delà de la sphère politique formelle, vers tous les recoins et toutes les failles de l’édifice social. »

On a déjà vu que l’idée selon laquelle le PSUV pourrait se transformer dans le parti de la révolution socialiste vénézuélienne est une parfaite utopie, tout simplement parce que ce n’est pas le projet de Chávez et de son entourage, et qu’ils ne le permettront pas.

Quant au développement du contrôle ouvrier, ce n’est pas un problème de bonne ou de mauvaise volonté, mais quelque chose qui se décide par la lutte, une lutte de classe des travailleurs contre la bourgeoisie, mais aussi contre la bureaucratie de l’Etat qui s’oppose à leurs revendications et intérêts. Ajoutons que l’idée que le contrôle ouvrier pourrait s’étendre progressivement (et pacifiquement ?) à toute l’économie, sans poser très rapidement, dans chaque entreprise et branche où il s’applique, le problème de la propriété des moyens de production, relève d’une vision gradualiste absolument illusoire et, par ailleurs, étrangère au trotskysme. [9]

Mais le plus préoccupant est certainement ce plan fantasmatique, reprenant les canons pourtant si éraillés de la « démocratie participative de Porto Alegre », à travers lequel l’auteur imagine les conseils communaux (qu’en outre il idéalise fortement) supplantant progressivement, à l’intérieur de l’Etat bourgeois, et sans affrontement ni rupture, les autres institutions pour aboutir finalement à un Etat ouvrier et populaire. Il s’agit là d’une conception typiquement réformiste qui, à ce titre, doit être résolument écartée.

Les véritables défis posés aux marxistes révolutionnaires vénézuéliens sont donc tout autres. Pour commencer, il y a ce dont le camarade Piper ne pipe mot : la défense inconditionnelle de l’indépendance de la classe des travailleurs et du mouvement social. En ce moment, cette tâche passe avant tout par la défense de l’UNT comme organisation autonome et souveraine, par sa consolidation et sa reconnaissance institutionnelle à travers l’élection libre et démocratique de sa direction.

L’autre tâche fondamentale, liée à la précédente, est de gagner au combat pour le socialisme les meilleurs éléments de l’avant-garde ouvrière, étudiante et sociale, en construisant un courant marxiste révolutionnaire de masse, aussi ouvert que résolu, qui lutte pour le pouvoir des travailleurs. Comment y parvenir ? En participant activement à toutes les organisations de masse, existantes (syndicats de l’UNT, bataillons du PSUV, conseils communaux et autres) et qui se créeront dans le cours des luttes sociales et syndicales ; en y défendant au quotidien une politique révolutionnaire indépendante partant des besoins et aspirations essentielles des masses, et en se confrontant dans ce cadre aux secteurs bureaucratiques et pro-capitalistes.

C’est l’objectif que se sont fixés les camarades regroupés autour du journal Marea Clasista y Socialista, et c’est dans cette tâche que la IVe Internationale devrait les soutenir.

Notes

[1Voir www.inprecor/527_528/528_529_Venezuela.htm pour l’édition française et www.internationalviewpoint.org/spip.php?article1269 pour l’article original en anglais.

[2Chávez au cours de son émission télévisée Aló Presidente du 22 juillet 2007. Ces propos présidentiels sont cités dans la réponse publique que leur a faite Stalin Pérez Borge (www.aporrea.org/ideologia/n986624.html).

[3Le 24 mars, au cours du premier meeting public de lancement du PSUV, Chávez déclarait, en se référant à l’UNT et à ses débats internes, que « les syndicats ne devraient pas être autonomes, il faudra en finir avec cela ». La CCURA lui a adressé une réponse publique (voir www.aporrea.org/trabajadores/n92511.html).

[4Voir, dans cette édition, l’article de Stalin Pérez Borge, Sergio García et Vilma Vivas, « La croisée des chemins de la révolution bolivarienne ».

[5Roland Denis, qui a été vice-ministre de Chávez, est un dirigeant du « Projet Notre Amérique – Mouvement du 13 avril », un courant politique et social proche de la mouvance autonome liée aux thèses de Negri et de Holloway. Ce mouvement, qui demeure actuellement relativement indépendant du gouvernement, a refusé de s’intégrer au PSUV, non du fait de divergences politiques mais au nom de ses positions anti-partis. Bizarrement, il reconnaît ainsi la nécessité d’un gouvernement (et ne met pas en cause la légitimité à gouverner de Chávez), mais pas celle des partis politiques...

[6Voir notamment J.-Ph. Divès, « Budget participatif : réalités et théorisations d’une expérience réformiste » (Carré Rouge n° 20 de janvier 2002, disponible sur le site Avanti ! rubrique « textes »).

[7Voir notamment « DS : fin de partie. Bilan et clarifications indispensables ! », bulletin Avanti ! n° 24 de mai 2005.

[8Un projet de regroupement politique révolutionnaire qui, contrairement à son pendant syndical CCURA, n’avait pas réussi à « décoller » vers l’influence de masse et se trouvait en conséquence dans une situation de stagnation et quasi-paralysie.

[9« Pour être durable, résistante, “normale”, la participation des ouvriers à la direction de la production devrait être basée sur la collaboration de classe et non sur la lutte de classes. Mais une telle collaboration de classe n’est possible qu’entre les sommets des syndicats et les organisations capitalistes. De telles expériences furent nombreuses [...] Mais dans tous ces cas il s’agit non pas du contrôle ouvrier sur le capital, mais de la domestication de la bureaucratie ouvrière par le capital [...] Le contrôle ne peut être imposé que par force à la bourgeoisie par le prolétariat, qui est en voie de lui arracher le pouvoir, et par là même la propriété des moyens de production. Ainsi, le régime du contrôle ouvrier est provisoire, transitoire, par son essence même, et ne pouvant que correspondre à la période de l’ébranlement de l’État bourgeois, de l’offensive du prolétariat, de la retraite de la bourgeoisie : c’est-à-dire à la période de la révolution prolétarienne comprise dans le sens le plus large du mot. » (« Au sujet du contrôle ouvrier de la production », Trotsky, 20 août 1931).

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