Dernier maquis

, par Unir

Recommander cette page

Dernier maquis
Un film de Rabah Ameur-Zaïmeche

Le cinéma, parfois, est irremplaçable.

Lorsqu’il approche la réalité par ses propres voies, avec les moyens qui sont les siens, sans bavardages ni faux-semblants.

Le film de Rabah Ameur-Zaïmeche, Dernier Maquis, est de cette veine là.

Le réalisateur ne nous emmène pas vers son village natal d’Algérie, comme dans son précédent et beau film Bled, number One, mais dans un lieu improbable : une vague banlieue parisienne, en bord de fleuve et d’aéroport, au cœur d’une entreprise industrielle, bref la zone... Où s’empile des palettes, qu’on repeint en rouge, la marque de fabrique du film, et quelques poids lourds, des fenwicks, un atelier de mécanique, le baraquement de la direction... Le patron, c’est lui, le réalisateur et acteur, dit Mao. Gouailleur, sympa, un brin paternaliste et... musulman. Comme la plupart de ses ouvriers, les uns Africains, d’autres maghrébins.

La religion, c’est important. Comme le ciel bleu au-dessus de toute cette grisaille. D’ailleurs tout le monde, ou presque, est musulman, et la prière du vendredi, au milieu des palettes, est sur le temps de travail. Si bien que Mao a l’idée géniale d’installer une petite mosquée dans l’entreprise, et d’en désigner l’imam.

Étrange ! Mais, voilà, la réalité, maintenant et ici, c’est aussi celle-là.

Pourtant, cette réalité elle est aussi multiple : le patron paternaliste et sympa, il est aussi autoritaire, âpre au gain, et bien décidé à fermer l’atelier mécanique et les mal pensants qu’il abrite.

Le syndicat, il n’existe pas.

Mais la révolte, oui. Et aussi, face au patron, la mobilisation des ouvriers (enfin une partie d’entre eux, parce que les manœuvres africains pensent que ce n’est pas bien d’attaquer le patron).
Bref, une réalité compliquée, multiple, et qui file vite, tel le ragondin qui est venu passer par là.

Et surtout comme l’écriture de Ameur-Zaïmeche, pétillante d’humour, qui jette ses couleurs, procède par ellipses, sans rien qui pèse ou s’attarde. Toute en suggestions.
Du beau cinéma qui, sans simplisme ni didactisme, touche et frappe fort.

Pas de licence spécifique (droits par défaut)