Du 26 mai au 4 juin 1995, la Fédération des femmes du Québec, regroupant 85 groupes nationaux et rêgionaux des milieux syndicaux, communautaires et d’église, avait organisé une Marche des femmes contre la pauvreté. Après avoir parcouru deux cents kilomètres, de Montréal à Québec, sous le slogan « Du pain et des roses pour changer les choses », elles étaient accueillies par vingt mille personnes, le 4 juin, devant l’Assemblée nationale.
Leurs principales revendications étaient : l’augmentation du salaire minimum à 8,30 dollars l’heure (31,34 F), l’égalité salariale, l’application aux femmes de la loi des normes minimales du travail (congés fériés, heures de travail hebdomadaires, salaire minimum), un programme d’infrastructures sociales avec emplois accessibles aux femmes, l’accès à la formation, la création de mille cinq cents logements sociaux par an, le gel des frais de scolarité, l’augmentation des bourses aux étudiants, un système de perception automatique des pensions alimentaires, réduction du temps de parrainage à trois ans au lieu de dix pour les femmes immigrantes (le parrainage est un système qui autorise une personne, le plus souvent le mari, résidant légalement au Canada, à faire venir sa femme dans le pays, à condition de subvenir aux besoins de celle-ci, pour la durée du parrainage, ce qui pose problème pour l’independance des femmes dans cette situation).
Le 4 juin 1995, le gouvernement québécois répondait aux doléances des femmes : le salaire minimum passerait de 6 dollars à 6,45 dollars l’heure (24,31 F) (les deux tiers des salariés concernés par cette hausse sont des femmes), la durée du parrainage serait réduite à trois ans, 5 % des mille deux cents logements programmes seraient réservés aux femmes les plus démunies, cinq places sur quinze dans chaque cours de formation à des métiers non traditionnels seraient réservées aux femmes avec priorité à celles ne touchant aucune aide sociale ou assurance chômage, le gel des frais scolaires serait prévu pour l’année 1995-1996, la loi instituant la perception automatique des pensions alimentaires adoptée par l’Assemblée nationale le 11 mai 1995 devrait être complétée par la non-imposition des pensions, un projet de loi permettant d’évaluer les emplois sous-payés et imposant un délai aux entreprises pour réaliser l’égalité des salaires devrait être présente à l’Assemblee nationale, le gouvernement devrait consacrer 25 millions de dollars aux infrastructures sociales employant des femmes (aide aux personnes âgées, environnement...).
Un an après, la fédération des femmes fait le bilan. Peu de projets d’infrastructures sociales fonctionnent, le projet de loi sur l’égalité salariale a été déposé mais des dispositions permettent aux employeurs de s’y soustraire, l’augmentation du salaire minimum est toujours insuffisante, les femmes les plus démunies continuent de voir leur pension alimentaire déduite des prestations sociales, le gouvernement recule sur le nombre de logements et ne prévoit rien pour les années à venir, les femmes ne sont pas informées des possibilités de formation, les femmes en attente de parrainage, victimes de violence, n’ont pas accès aux droits sociaux, aucun engagement n’a été pris par le gouvernement au-delà de 1996 pour le gel des frais de scolarité, la réduction du budget de l’aide sociale de 180 millions de dollars va particulièrement toucher les femmes...
La Fédération des femmes du Québec appelle à relancer l’action sur trois axes principaux, la hausse du salaire minimum, l’égalité salariale, et le retrait des coupures aux aides sociales.
Elle organise une initiative les 1er et le 2 juin 1996. Elle prévoit de réaliser une chaîne humaine de femmes autour du parlement de Québec durant 24 heures le 1er juin et un grand rassemblement populaire le 2 juin.
Les Québécoises n’ont pas dit leur dernier mot.
- Pour tout contact
Fédération des femmes du Québec
5225 rue Berri
#100 Montréal
Qc, H2J 2S4.