Le week-end des 7-8 mars, avec la tenue du premier CPN, la direction du NPA a abattu ses cartes : refus d’un rassemblement des forces qui avaient mené la bataille du « non » de gauche et choix de présenter ses propres listes. Ainsi est confirmé que la motion majoritaire du congrès visait la seule auto-affirmation du NPA lors de ces élections. Et que la prétendue volonté de chercher une « unité durable » n’était qu’un habillage. Les conditions alors mises en avant la sortie du nucléaire, une indépendance par rapport au PS qui devait se concrétiser par un engagement pour les régionales n’étaient que faux prétextes pour rendre impossible un accord.
Seule ouverture concédée : la proposition faite aux Alternatifs d’un accord leur réservant la région Ouest. Et ce sans poser le problème de leur participation aux exécutifs dirigés par le PS, à Nantes par exemple !
Le constat a été fait par tous : de par la décision du NPA de faire cavalier seul, la gauche à gauche du PS va se présenter divisée, et donc aura de réelles difficultés à changer la donne politique.
Face au pouvoir de droite, à l’heure où la crise capitaliste ne fait que s’aggraver, lorsque les mobilisations qui s’amplifient se heurtent à l’état de la gauche et à l’absence de perspective politique, la direction du NPA prend ainsi une terrible responsabilité. Celle de privilégier ce qu’elle croit être ses intérêts de parti sur ceux généraux des travailleurs.
Nous avions dit que le choix qui serait fait pour les européennes signerait l’acte de naissance du NPA, ce pourquoi nous avons concentré notre intervention sur cet enjeu. Plus qu’une simple question électorale, cette question cristallise les deux projets en présence. Celui d’un parti large, pluraliste, travaillant au rassemblement des forces susceptibles de faire apparaître une réelle alternative anticapitaliste. Celui d’un parti préoccupé de sa seule affirmation et dominé par une logique sectaire.
C’est ce second projet qui à présent guide la direction du NPA.
Un choix qui s’est accompagné d’une élection antidémocratique du Conseil Politique National. La direction majoritaire a refusé de reconnaître que sur les européennes, point politique central des débats, s’était affirmée une sensibilité spécifique au sein du congrès. Elle s’est opposé à ce que, conformément aux statuts, soit reconnu le principe de la représentation proportionnelle de cette sensibilité au CPN. Elle s’est de surcroît arrogé le droit de désigner celles et ceux qui ayant voté en faveur de la position unitaire seront censés la représenter, en éliminant tous les autres... Alors que, dans le même temps, sans aucun critère ni transparence, elle plaçait au CPN tous les membres de l’ancienne direction de la LCR qu’elle jugeait bon...
Du jamais vu dans l’histoire de la LCR, voire plus largement !
De telles moeurs en disent long sur la nature du cours politique qui est imposé au NPA par cette direction. Le fait que, lors du premier CPN, les têtes de listes européennes aient été présentées sans appel à candidatures ni débats préalables ne peut que confirmer les inquiétudes quant au fonctionnement de cette instance.
Nous devons prendre acte que nous ne pouvons assumer la politique que mène le NPA, et que dans le même temps nous est interdite la possibilité d’être reconnus dans ce parti comme un courant minoritaire en capacité de défendre ses positions.
C’est sur ce point que nous sommes en désaccord avec les camarades qui font le choix de construire une tendance au sein du NPA.
Cette option conduit de facto à neutraliser la question de l’unité pour les européennes, et à se défausser au regard des enjeux de la situation. Dès lors que le NPA lance ses listes et engage sa campagne, ces camarades, quelles que soient leurs divergences, vont devoir soit ne pas intervenir politiquement, soit mener une campagne avec laquelle ils ne sont pas en accord.
En outre cette tendance va devoir se prononcer sur des questions d’ampleur : le projet politique du NPA, son fonctionnement... Et cela en étant privée des garanties démocratiques qui existaient au sein de la LCR. Pour notre part, nous pensons qu’il n’est pas possible de convaincre les militants du NPA sans une intervention effective sur le champ politique, en toute indépendance par rapport à la politique menée par le NPA. Il faut montrer que l’efficacité politique consiste à faire avancer la perspective du rassemblement des forces contestant l’hégémonie du PS, et cela maintenant en fonction des possibilités et urgences de la situation. La politique du NPA tourne le dos à cette exigence. C’est donc avec le Front de gauche qu’il faut intervenir.
Dire cela n’est pas idéaliser celui-ci, ni sous-estimer ses limites et les difficultés, c’est constater que l’objectif de modifier la situation à gauche se joue avec la possible dynamique unitaire du Front de gauche. Non dans le repli auquel invite le NPA.
Nous faisons donc le choix de constituer « Gauche unitaire » pour nous inscrire comme composante spécifique dans le Front de gauche, et oeuvrer à ce que celui-ci se dote d’un contenu anticapitaliste conséquent, s’ouvre au maximum de composantes, en particulier celles issues du mouvement social, et s’ancre dans un fort réseau de collectifs militants de terrain. C’est bien ainsi que nous pourrons faire progresser la perspective d’une réelle force nouvelle à gauche.
Vous avez toute votre place dans ce combat !
Rejoignez Gauche Unitaire !
www.gauche-unitaire.fr