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, par Rédaction des Cahiers du Féminisme

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Le 25 novembre, à l’initiative de la CADAC et à l’appel de nombreuses organisations, nous serons dans la rue. L’avortement légal a vingt ans et pourtant, jamais le droit à l’avortement n’a été aussi menacé en France.

Les premiers reculs des anti-IVG

La CADAC, dès 1990, a dénoncé les dangers de l’immobilisme face aux attaques des commandos anti-IVG. C’est ainsi que la loi Neiertz a pu être obtenue, permettant de condamner les commandos et théoriquement de ne pas renvoyer dos à dos opposants et défenseurs de l’IVG. Si un statut pour les Centres d’interruption de grossesse se fait toujours attendre, les médecins de ces centres ont bénéficié d’une amélioration de leur statut, suite à leur lutte en 1993. Lors de la loi d’amnistie, la tentative de faire absoudre les commandos dits « non-violents » a échoué grâce à la mobilisation de nombreuses associations, même si cette victoire a été contrebalancée par un amendement insidieux réprimant de fait la publicité de l’avortement et des contraceptifs. Ainsi, déjà une infirmière du Planning familial de Draguignan est poursuivie pour avoir conseillé des femmes sur l’avortement.

Le gouvernement hésite, entre les femmes qui considèrent que c’est un droit fondamental (Cf. le sondage publié dans Marie-Claire du mois d’octobre) et une pression continue des idéologues de la réaction. L’église elle-même est partagée, tous ne sont pas prêts à emboîter le pas aux plus intégristes d’entre eux. L’archevêque de Lyon a ainsi déclaré qu’il « ne pouvait encourager » l’action des « groupes de sauvetage » : « ces actions spectaculaires n’ont pas empêché le moindre avortement et elles font que l’on ne parle pas d’autres groupes qui interviennent auprès des familles ou des gens en détresse pour faire que le début de la vie ne soit pas interrompu. L’objection de conscience reconnue par la loi et par l’encyclique du pape sur la vie ne doit pas être confondue avec un appel à la désobéissance civile ».

Aller plus loin

À Pékin, la détermination des ONG et des féministes a permis de limiter dans les déclarations finales les reculs voulus par les intégrismes d’état ou de fait. Même si le résultat final est ambigu, sûrement pas à la hauteur de nos attentes, l’égalité entre hommes et femmes reste l’objectif de la déclaration finale de l’ONU, contre les partisans du maintien d’une hiérarchie sociale fondée sur les différences de sexe. Le texte final reconnaît que « les droits des femmes et des fillettes font inaliénablement, intégralement et indissociablement partie des droits universels de la personne » et que les droits reproductifs « reposent sur la reconnaissance du droit fondamental de tous les couples et les individus de décider librement et avec discernement du nombre de leurs enfants et de l’espacement de leurs naissances (...) ». Il est important de dire que le droit à disposer de son corps pour une femme est un premier droit, emblématique de nombreux autres, bafoués à des degrés divers dans tous les pays du monde et que des moyens doivent être mis en œuvre pour que cela ne soit pas une déclaration vaine.

En France, une forte mobilisation des femmes qui obtiendrait de préserver et d’améliorer le droit à l’avortement (rappelons que la loi de 1920 le désignant comme un crime n’est toujours pas abrogée) montrerait leur détermination et leur permettrait de mieux résister aux remises en cause, actuelles et à venir, de leurs droits. En effet, le gouvernement, dans la foulée des attaques contre tous les travailleurs, vise particulièrement les femmes. Leur insertion à part entière dans le monde du travail, est toujours aussi contestée : travail à temps partiel, chômage, petits boulots, différenciation entre catégories de travailleuses, entre hommes et femmes se vérifient plus que jamais. C’est sûrement ainsi que l’ont compris les nombreuses organisations syndicales et associations qui se sont ralliées à l’appel de la CADAC.

La manifestation du 25 novembre doit être l’occasion pour toutes les féministes de faire réapparaître sur le devant de la scène un mouvement puissant dans sa diversité. C’est aussi l’occasion pour les organisations syndicales, qui ont tendance à penser le monde salarial en terme neutre-masculin, de se mobiliser, à la fois pour le droit à l’avortement, droit élémentaire des femmes et aussi pour une réorganisation du monde du travail qui permette une réelle mixité des travaux domestiques et professionnels.

L’égalité n’est pas un vain mot et elle mérite que tous et toutes, nous nous mobilisions le 25 novembre. Après les manifestations de la Fonction publique, les grèves diverses qui se multiplient, c’est une nouvelle occasion de faire reculer ce gouvernement et tous les réactionnaires.

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