La LCR et le « maccartisme » anti-voile

, par JOHSUA Samuel

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Un article circulant sur Internet de Vincent Geisser met en cause la LCR pour « l’exclusion » de ses listes de l’animateur d’Aix Solidarité, l’avocat Benoît Hubert. Il convient de donner les précisions suivantes, qui touchent à la forme, et au fond.

La plate-forme d’accord entre la LCR et LO prévoit que des membres d’autres organisations puissent participer sur nos listes, à condition d’en épouser la ligne générale. C’est dans ce cadre que Benoît Hubert, avec qui nous avons une longue collaboration à Aix, a demandé à rejoindre les listes. La LCR 13 a décidé de ne pas y répondre favorablement. Parler « d’exclusion » d ’une liste sur laquelle il n’a jamais été est donc évidemment abusif.

Ce qui conduit au débat de fond ayant justifié la décision de la majorité de notre direction fédérale. Conjoncturellement, il y a eu une appréciation différente de la manifestation de Marseille. Il faut s’en remettre aux sources : si elle n’était effectivement pas appelée par les mêmes forces qu’à Paris ou Strasbourg, le tract qui la convoquait (disponible chez les organisateurs) ne comportait aucune condamnation formelle de la manifestation parisienne (condamnée pourtant en des termes explicites par Tarik Ramadan dans Libération). À dire vrai, même ceci n’est pas à la source de la décision. Celle-ci découle essentiellement de la volonté de rester centrés sur l’axe de la campagne des régionales. La position vis à vis de la loi discriminatoire de Chirac, du voile, et des attitudes à prendre sur ces questions ne doivent pas prendre une place centrale dans la campagne. Nous nous en tenons au choix de mettre au centre de celle-ci un plan d’urgence sociale qui en fait le substrat. Dans celui-ci, la lutte contre toutes les formes de discriminations et pour l’égalité de droits est présente en bonne place. Ce qui ne semble pas préoccuper outre mesure le Professeur Geisser.

Il est de notoriété publique que les positions de Benoît Hubert sont présentes au sein même de la LCR (il suffit de lire Rouge du 29 janvier où la parole est donnée à cette minorité), et que cela n’a conduit nulle part à une « exclusion » de nos listes. Il est tout autant connu que la position majoritaire est différente, condamnant la Loi sans banaliser la question du voile. La DN de la LCR a décidé d’ouvrir un débat public sur ces problèmes, et on peut s’y reporter. Mais nous refusons le piège tendu par le gouvernement (et soutenu par une large part du PS) d’en faire une question majeure de la campagne des régionales. D’où la décision de ne pas donner suite à la demande d’Hubert qu’on peut juger comme on veut (une partie de la LCR locale ne la partage pas). Cela ne remet pas en cause notre volonté de rassemblement de toute la gauche anticapitaliste, mais il fallait du temps pour faire la part des malentendus et des vrais désaccords. Rien en tout cas qui signe la marque d’une fantasmatique alliance de Le Pen à la LCR. Franchement, qui cette outrance peut-elle convaincre ?