FRANCESOIR. Avez-vous compris la polémique sur la présence d’Olivier Besancenot dans l’émission de Michel Drucker ?
ALAIN KRIVINE. Il n’y avait aucune raison d’insulter les millions de gens qui la regardent, comme pour toutes les autres émissions de variétés auxquelles a déjà participé Olivier. On n’allait pas se priver de l’occasion de faire connaître à la majorité de la population, qui n’a pas forcément l’occasion d’entendre les propositions de la Ligue, les mobilisations sociales et les luttes auxquelles nous participons, ou de leur parler du nouveau parti anticapitaliste en train de naître. Aucune concession n’a été faite à la vulgarité ou à la pipolisation. D’ailleurs Michel Drucker n’a jamais eu envie d’emmener Olivier sur ce terrain.
L’essor de la LCR tient beaucoup à sa personnalité. Comment avez-vous repéré ce jeune leader ?
Il avait été très efficace en assemblées générales à Nanterre quand il était étudiant. Il avait exercé plein de petits boulots où à chaque fois il montait une section syndicale, et à la Ligue, il prenait toujours la parole avec calme, en ayant écouté tout le monde. Au Parlement européen, il a été le plus jeune assistant, mais sans doute celui qui a le plus marqué. Quand le groupe est allé à Porto Alegre, c’est lui qui a dirigé la délégation de députés. Mais il avait prévenu qu’il ne resterait qu’un an avant de retourner à la Poste. D’ailleurs il était toujours pendu au téléphone avec ses copains du bureau quand ils faisaient grève. Quand on a voulu rajeunir le mouvement, on a cherché à plusieurs. Mais ça n’a pas été facile de le convaincre d’être candidat.
Il dit qu’il a eu « la trouille » en 2002, vraiment traîné des pieds en 2007, et qu’il ne veut pas se représenter en 1012. La LCR sans lui, c’est possible ?
C’est vrai que c’est rare pour une organisation si petite d’être représentée par quelqu’un d’aussi connu et populaire, et qu’on a donc joué à la fois sur la personnalisation, et sur la distance entre la personnalité de la Ligue et celle d’Olivier. Il ne veut pas se présenter en 2012, je le comprends. Ça n’a jamais été son genre, et c’est un boulot ingrat. Ça empiète trop sur sa vie privée et personnelle. Avec le nouveau parti, on va devoir mettre en avant d’autres gens, des femmes salariées par exemple.