Le NPA cherche ses marques

, par MARTIN Myriam

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Affaibli, le NPA tente de dépasser ses divisions. Samedi 25 et dimanche 26 juin, les militants se retrouvent à Nanterre pour la conférence nationale du parti, qui doit décider de la stratégie et du candidat du NPA pour 2012. Entretien avec Myriam Martin, une des deux nouvelles porte-parole du parti.

  • TC : Le NPA était présenté en 2009 comme un débouché politique aux luttes sociales. Que reste-t-il de cette ambition ?

Myriam Martin : Les politiques menées par la droite ou la « gauche » ont été telles qu’il y a un dégoût total des classes dirigeantes qui conduit à un amalgame entre les classes dirigeantes au pouvoir et les partis politiques, même ceux qui combattent le système. Il faut surmonter cet obstacle.

L’outil parti est toujours le plus pertinent pour porter un projet. Un réseau, c’est pratique pour se mobiliser, pour s’informer. Mais un parti politique, c’est aussi une garantie démocratique. Cela dit, un parti peut changer, il peut aussi s’affaiblir comme c’est le cas du NPA. La plupart des organisations politiques font face à la difficulté de l’engagement militant.

On a aussi sous-estimé le poids de la crise économique et du défaitisme qu’elle pouvait engendrer. Dans une crise économique, on ne voit pas d’issue possible si ce n’est la lutte, et à l’automne 2010, la lutte a échoué. Enfin, le NPA doit faire encore beaucoup d’efforts pour savoir intégrer de nouvelles équipes militantes et accepter la diversité.

  • Vous faites référence à la question du voile ?

Soyons clairs : cette question-là n’a pas été une opération de communication, contrairement à ce qu’on a pu lire. Ce débat nous a complètement échappé. C’était la décision d’un comité de présenter une candidate voilée. Le congrès du NPA a tranché là dessus : nous ne sommes pas favorable à présenter une candidate voilée ou portant un signe religieux. Le voile entre en contradiction avec notre féminisme aux yeux de beaucoup de militantes.

  • Aujourd’hui tout le monde à gauche prône le rassemblement, et chacun ou presque va présenter son candidat...

C’est un paradoxe. Il y en a peut-être qui sont plus sincères que d’autres. L’unité pour nous, ce n’est pas adhérer au Front de gauche. Encore une fois, que ferions-nous face à un gouvernement d’alternance mené par le PS ? Serions-nous dans un pôle commun d’opposition véritablement à gauche ?

Là-dessus, deux orientations s’opposent en ce moment au NPA et seront soumises au vote des militants en juin. Je soutiens l’idée que nous restions ouverts. Le profil unitaire du NPA ne doit pas être du pipeau. Aujourd’hui tous les signes qu’on nous a envoyés sont négatifs. Mais les lignes peuvent bouger et notre discours entendu, et pour cela il faut le maintenir publiquement. Il faut y croire, et moi j’y crois.

  • Sans M. Besancenot, le NPA ne risque-t-il pas de subir un revers à la présidentielle ?

C’est un risque. La personnalité d’Olivier portait beaucoup de choses. Maintenant, un autre nom sera proposé d’ici bientôt. Des AG se tiendront en vue de définir le programme et le candidat lors d’une conférence nationale les 25 et 26 juin. Nous voulons montrer en 2012 que nous ne sommes pas là pour simplement témoigner. Nous voulons poser la question du pouvoir que nous voulons, pas seulement de celui qu’on nous impose aujourd’hui. Un pouvoir qui soit une vraie démocratie.