Tchat Européennes : Raoul Jennar (NPA) vous a répondu

, par JENNAR Raoul Marc

Recommander cette page

Durant la campagne, LaProvence.com reçoit en tchat les candidats.

Les élections européennes ont lieu le 7 juin. La Provence fait partie de la circonscription Sud-Est, qui comprend les régions Paca, Rhône-Alpes et Corse. Durant la campagne, LaProvence.com reçoit en tchat les candidats, afin de vous permettre de leur poser directement des questions. Ainsi sont déjà venus Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Francis Lalanne (Alliance écologiste indépendante), Jean-Luc Bennahmias (MoDem), Françoise Grossetête (UMP) et Marie-Christine Vergiat (Front de gauche).

Tête de liste du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Raoul Jennar a répondu à son tour à vos questions vendredi 29 mai dès 16h30.

La Provence  : Bonjour à tous, le tchat avec Raoul-Marc Jennar va pouvoir commencer.

Raoul-Marc Jennar : Bonjour à toutes et à tous. Je suis à votre disposition pour répondre aux questions que vous voudrez bien poser.

  • Tendancegauche : Sur France2, on voit Olivier Besancenot pris à parti par un pseudo-ouvrier d’une entreprise en plein plan social... Il paraît que c’est un traquenard tendu pas des socialistes... Vous pouvez nous en dire plus ?

Raoul-Marc Jennar : Ce sont des méthodes détestables qui ne sont pas dignes d’un parti de gauche alors que la démarche du NPA vise à soutenir des travailleurs à leur appel. Et que cette démarche devrait être commune à tous ceux qui se réclament des valeurs de gauche.

  • Missamelie : Seulement 50 % des gens comptent aller voter, est-ce particulièrement pénalisant pour le NPA ?

Raoul-Marc Jennar : Effectivement, une grande partie des électeurs du NPA sont ceux qui sont le plus tentés par l’abstention car ils n’ont pas le sentiment que l’Europe, telle qu’elle est, est faite pour eux. Ce sont pourtant les premières victimes des politiques européennes décidées par les gouvernements : emplois précaires (flexibilité), privatisation des services publics, démantèlement du droit du travail, délocalisations, licenciements...

  • Worldattitude : Quel intérêt de voter pour un parti qui ne siégera pas puisqu’il n’atteindra pas les 5 % ?

Raoul-Marc Jennar : Dans notre circonscription on peut avoir un élu à partir de 6 % et les sondages nationaux nous donnent entre 6 et 7. C’est donc possible d’avoir un élu.

  • Anto : En termes de médiatisation, Olivier Besancenot n’est-il pas un peu votre Nicolas Sarkozy, un leader hyper-envahissant ?

Raoul-Marc Jennar : Tantôt on reproche à Olivier Besancenot de ne pas être tête de liste, tantôt on lui reproche d’être médiatisé. À la différence de Sarkozy, il n’est que le porte-parole de son mouvement.

  • Rififi : Qu’est-ce que vous attendez du meeting de ce soir avec Besancenot ?

Raoul-Marc Jennar : C’est l’occasion de parler de la vraie vie et d’aborder les problèmes que vivent les gens du fait des politiques européennes. Ce meeting, c’est une manière de passer d’une campagne quasiment virtuelle dans les médias à la réalité du quotidien des gens.

  • Foupoudav : À quoi ressemblerait l’Europe telle que rêvée par le NPA ?

Raoul-Marc Jennar : L’Europe que veut le NPA est une Europe des peuples et pas des actionnaires, ni des banquiers. C’est une Europe qui organise la solidarité entre ses habitants et non pas la concurrence de tous contre tous. C’est une Europe qui veille à l’égalité des droits pour toutes et tous et en particulier à l’égalité de tous les droits auxquels les femmes doivent pouvoir accéder : droit au divorce, droit à la contraception, droit à l’avortement. C’est une Europe qui, par des services publics adaptés, rend accessible à toutes et à tous une alimentation saine, l’école, la santé, la culture, les transports. C’est une Europe libérée de la dictature du marché et de la loi du profit.

  • Detroulas : Entre la liste Front de gauche, la liste Lutte ouvrière et la liste NPA... n’y avait-il pas la place pour s’unir ? Qu’est-ce qui vous distingue tellement pour nécessiter l’existence d’une liste à part ? Je trouve ça dommage parce que finalement l’extrême-gauche est assez populaire en France mais à cause de tant de divisions, elle est risible...

Raoul-Marc Jennar : Le NPA a proposé l’unité sur la base d’un contenu anticapitaliste et antiproductiviste précis et sur la base d’une unité dans la durée. Les motifs d’une unité dans la durée s’imposent au-delà du scrutin européen puisque les politiques de Sarkozy, qui sont les politiques européennes, la crise et le social libéralisme continueront de sévir après le 7 juin. Le parti communiste a refusé toute unité au-delà des Européennes et le parti de M.Mélenchon s’est incliné devant ce diktat. Le parti communiste a fait le choix de préserver ses alliances futures avec le PS plutôt que de construire une alliance durable. Ce qui fait de nous des concurrents pour cette compétition mais pas des adversaires. Nos adversaires communs sont les mêmes : la droite et ceux qui ont choisi de faire du capitalisme l’horizon indépassable de l’humanité.

  • Ghulix : Quel intérêt pour le NPA, contre l’Europe, à présenter des candidats aux Européennes ? Quel crédibilité auraient-ils à l’assemblée européenne en ce cas ?

Raoul-Marc Jennar : Des parlementaires NPA au parlement européen pourront utiliser les moyens de cette institution pour dénoncer les politiques adoptées par nos gouvernements au niveau européen, pour exercer une veille sur toute initiative de la commission et lancer l’alerte pour stigmatiser sur chaque proposition l’interférence des groupes de pression industriels et financiers. Dans la mesure où le parlement est associé au travail législatif (dans 42 matières), le NPA apportera ses propositions sous forme d’amendement et s’opposera à toute proposition allant dans le sens de l’injustice sociale.

  • Segway : Que signifie être anti-capitaliste dans un monde ou même les anciens pays communistes ont choisi ce type d’économie ? Pourquoi être anti-tout et pro-rien ?

Raoul Jennar : Le NPA tire les leçons des échecs des expériences du XXe siècle mais également les leçons de l’échec du système capitaliste qui ne bénéficie globalement qu’à une infime minorité des habitants de la planète. Dans les principes fondateurs qu’il a élaborés tout au long de son processus constitutif, le NPA a tracé les grandes orientations d’un système alternatif où priorité est donnée à la satisfaction des besoins fondamentaux de manière écologique, ces besoins étant définis non pas de manière bureaucratique ou technocratique, mais bien par des procédures démocratiques. Le NPA propose un système où ce sont les gens eux-mêmes qui se prennent en charge dans le cadre d’une solidarité organisée démocratiquement. Au moment où le capitalisme entre une fois de plus dans une crise majeure, on ne peut pas se contenter de répéter comme le faisait Margaret Thatcher qu’il n’y a pas d’alternative. C’est l’ambition du NPA d’en proposer une qui tire les leçons de toutes les expériences passées et présentes.

  • Marqueur : expliquez-moi pourquoi votre chute libre dans les sondages... au NPA comme dans toute la GAUCHE ?

Raoul Jennar. Dans les sondages nationaux, la gauche est largement majoritaire. En ce qui concerne le NPA, on ne peut pas parler de chute libre mais plutôt de stabilité depuis deux mois autour de 6-7 %. En plus, ce ne sont pas les sondages qui font l’élection et dans la mesure où ils constituent une mise en condition de l’opinion publique, il vaut mieux s’en méfier.

  • Gégé32 : Pourquoi avoir mis l’accent dur les suicides en prison ? Ne craignez-vous pas que l’on retombe dans les discours sécuritaires électoralistes ?

Raoul Jennar : Avec les organisations de défense des droits humains fondamentaux, le NPA dénonce les conditions carcérales scandaleuses en France, pointées par toute l’Europe. Il souligne que la surpopulation des prisons est le résultat d’une politique du tout répressif conduite par la droite et observe qu’un grand nombre de personnes sont en prison sans avoir été jugées.

  • Truikil : Vous pensez-quoi de la proposition de Lefebvre quant à travailler pendant ses congés maladie ? Il était certain qu’un tel amendement ne passerait jamais... selon vous, qu’est-ce qui l’a motivé à le proposer alors ?

Raoul Jennar : À défaut d’une provocation, c’est un ballon d’essai de la droite.

  • JacquesL : Avec quel groupe vas-tu sièger si tu es élu au parlement européen ?

Raoul Jennar : Cela dépend des élections en France et dans les autres pays d’Europe. Le NPA mène une campagne européenne avec des partenaires dans une quinzaine de pays. Si nous avons des élus, nous proposerons un manifeste constitutif anticapitaliste et antiproductiviste sur lequel pourront se rallier les nouveaux élus.

  • Halbatux : On a assisté à un sacré mic-mac sur la loi Hadopi entre l’Assemblée nationale et l’Assemblée européenne... et aujourd’hui, dans l’attente de la décision du conseil constitutionnel, c’est l’incertitude. Que pensez-vous de cette loi ? Quel serait selon vous la solution face au téléchargement illégal ? Et surtout : pensez-vous que cette loi pourra être appliqué ou l’amendement Bono l’empêche-t-il effectivement ?

Raoul Jennar : Le NPA a condamné la loi Hadopi, d’autant que le droit d’auteur n’était pas en cause. C’est la juste rémunération des créateurs et des auteurs qui doit faire l’objet d’une législation davantage que la répression de ceux qui copient les oeuvres. Le système actuel rémunère beaucoup plus les producteurs que les créateurs.

  • JacquesL : Raoul-Marc Jennar, n’as tu pas l’impression d’avoir trahi la confiance de ceux qui étaient avec toi dans le mouvement altermondialiste et qui t’avons demandé tant de fois de travailler collectivement sur des solutions alternatives ? Te souviens -tu ?

Raoul Jennar : Ma participation aux travaux contitutifs du NPA et en particulier à l’élaboration de ses principes fondateurs est dans le droit fil de mes écrits et de mes actions dans le mouvement altermondialiste. Je poursuis dans le cadre d’un parti politique les combats qui nous amenaient à interpeller les politiques.

  • Grige13 : Militant syndical j’ai toujours crié « tous ensemble ». Même si certains du front de gauche iront avec la social démocratie, les travailleurs auraient eu la preuve par la pratique de l’échec de ce front aux régionales (ou autres). N’auriez vous pas fait preuve de pédagogie pour augmenter la conscience en allant avec le front de gauche ?

Raoul Jennar : On ne fait pas preuve de pédagogie en allant une fois avec les uns, une fois avec les autres, au gré des scrutins. Il n’y a rien de pire que de voir des victoires électorales se terminer en déchirements et en déceptions. C’est la leçon qu’il faut tirer des échecs qui ont suivi 1981, 1988, 1997. C’est dans la clarté d’un projet et d’une stratégie qu’il faut construire l’unité. Le NPA n’est pas intéressé par un coup électoral sans lendemain. Mais il continuera à rechercher cette unité, non pas pour sortir de la crise, mais pour sortir du capitalisme.

La Provence  : Ce tchat est désormais terminé, merci pour vos questions.

Raoul Jennar : Merci à tous.

P.-S.

Entretien paru sur La Provence, édition électronique du 29 mai 2009.

Pas de licence spécifique (droits par défaut)