Un nouveau parti, oui ! Mais avec tous les anticapitalistes et tous les antilibéraux !

, par CHEVASSU Armelle, RÉMY Jean

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La LCR propose aux militants de la gauche radicale de construire ensemble un Nouveau Parti Anticapitaliste. Elle a initié des comités d’initiative pour constituer ce nouveau parti avant la fin 2008. Les militants des collectifs unitaires antilibéraux, qui militent depuis plusieurs mois pour le rassemblement de toutes les forces à la gauche de la gauche, ne peuvent qu’être intéressés par cette proposition. C’est d’ailleurs pourquoi certains d’entre eux participent à ces comités d’initiative.

Armelle Chevassu et Rémy Jean, membres de l’exécutif national provisoire des collectifs unitaires antilibéraux.

Ce court texte a pour but de contribuer à la réflexion de tous ceux que la proposition de la LCR intéresse.

1/ Tout d’abord, oui à l’idée de création d’un nouveau parti ou mouvement, c’est-à-dire d’une formation politique militante organisée capable de disputer l’hégémonie politique aux partis existants en intervenant activement sur tous les fronts et sur toutes les questions politiques. Oui à la création d’un parti pour changer la société et mettre fin à toutes les formes de domination et d’exploitation. On a besoin de se doter d’un tel outil rassemblant le plus grand nombre possible de femmes et d’hommes autour d’un projet de société. Beaucoup d’entre nous se méfient à juste titre des « partis » existants, mais il y a toujours eu plusieurs formes de partis. Le défi est d’en inventer de nouvelles, qui soient à l’image de la société que nous voulons construire, démocratique, égalitaire, pluraliste, respectueuse des différences, etc. Refuser de se regrouper dans un parti, c’est accepter par avance de laisser les partis existants maîtres du jeu. C’est pourquoi nous sommes favorables à cette idée de nouveau parti. Il y a un espace à occuper et à remplir, c’est indéniable. Il suffit de regarder la « percée » des listes de la gauche radicale lors des élections municipales et cantonales pour comprendre qu’il y a une attente et un espoir.

2/ Ce nouveau parti ne peut pas être un rassemblement autour de la seule LCR. Ce serait sans doute un progrès pour la LCR, mais ça ne changerait rien au paysage politique dans lequel nous nous trouvons. Il faut viser à regrouper à la fois tous les courants de la gauche radicale et tous les citoyens, militants et acteurs des mouvements sociaux, qui veulent en finir avec ce système. On ne se lancera pas ici dans une énumération de ces courants ou des sensibilités politiques potentiellement concernées, mais ça fait du monde. La plupart d’entre eux ont participé à la tentative avortée de candidature unitaire à l’élection présidentielle. Le processus de constitution d’un nouveau parti anticapitaliste devrait se donner les moyens de rassembler toutes ces forces.

3/ Cela signifie que le programme et la stratégie de ce nouveau parti ne sauraient être inspirés par la seule LCR. Ce programme (projet de société) et cette stratégie (moyen d’y parvenir) sont à débattre et, pour une large part, à inventer. Nous ne partons certes pas de rien, mais, en la matière, aucune des sensibilités politiques existantes n’a fait la démonstration de sa capacité à apporter des réponses convaincantes, c’est-à-dire adaptées au monde dans lequel nous vivons. Un parti anticapitaliste « nouveau » devra « inventer » ces réponses en marchant, par la libre confrontation des expériences et des points de vue de toutes ses composantes et de chacun de ses membres. Ce ne peut qu’être le fruit d’un long processus où ce parti devra rester en permanence ouvert à tous les apports.

4/ Une clarification apparaît cependant indispensable concernant deux questions « stratégiques » posées par la LCR et qui font débat depuis plusieurs années dans la gauche radicale : celle des relations avec le Parti Socialiste et celle du rapport aux institutions politiques de l’état. Il serait naturellement nécessaire d’argumenter plus longuement, mais nous voulons dire sans détours que le nouveau parti dont nous avons besoin ne saurait exclure par principe toute alliance avec le PS, ni toute participation aux institutions locales ou nationales de l’Etat. Une alliance avec le PS peut être une capitulation, mais elle peut être aussi utile et nécessaire à notre combat dans certaines circonstances. De même, la participation aux institutions peut être une trahison des intérêts populaires, mais elle peut être aussi, comme en 36 ou en 45, ou comme aujourd’hui au Venezuela ou en Bolivie, l’occasion d’avancées politiques et sociales majeures. Un nouveau parti qui trancherait par avance le débat sur ces questions en s’interdisant ces possibilités ne pourrait prétendre rassembler l’ensemble des anticapitalistes et des antilibéraux.

5/ Des réponses que la LCR apportera à ces préoccupations dépendra l’engagement dans le processus de création d’un nouveau parti anticapitaliste des milliers de militants qui aspirent aujourd’hui à se rassembler dans une même force.

Aix- Marseille, le 16 mars 2008.