Face à la crise

« Une crise classique de surproduction »

, par LOUÇÃ Francisco

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Francisco Louça, coordinateur national du Bloc de gauche portugais, donne sa lecture de la situation. Envoyé spécial.

  • Quelles sont les conséquences de la crise au Portugal. Y a-t-il une réaction populaire ?

Francisco Louça. Nous vivons une montée historique du chômage, qui devrait parvenir cette année à 10 %. De plus, un travailleur portugais sur trois est précaire. Il y a eu des mobilisations très importantes pour la défense des services publics. Le ministre de la Santé est tombé à cause de la mobilisation. Sur l’éducation, il y a eu des manifestations. Nous avons 170 000 enseignants au Portugal. Lors de la manifestation à Lisbonne, ils étaient 120 000 dans la rue...

  • Votre parti a-t-il développé un « plan anticrise » pour le Portugal ?

Francisco Louça. Nos députés se sont concentrés sur les politiques fiscales, sur le combat contre la spéculation, et pour l’impôt sur les grandes fortunes qui n’existe pas au Portugal. Nous avons proposé un service public bancaire, pour redonner à la politique le pouvoir de décider du maniement des grands leviers de l’économie.

  • Vous postulez que la crise actuelle n’est pas une crise financière, mais la résultante des contradictions générales du capitalisme ces dernières années. Que voulez vous dire ?

Francisco Louça. Je suis convaincu que ce que nous vivons, c’est une crise cyclique du capitalisme, comme celles de 1929-1932 ou de 1973-1974. Celle que nous vivons aujourd’hui est peut-être plus grave que les crises ou les krachs financiers que nous avons connus. Parce qu’elle est simultanée dans tous les grands pays, donc elle déclenche un effet domino d’aggravations successives de la crise par le biais de la destruction du capital fictif. Mais surtout parce qu’il y a un effort très important de transfert de valeur du travail vers le capital. Donc je crois que c’est une crise classique de surproduction du système capitaliste, de demande insuffisante. Ce qui est la conséquence de la pression sur les salaires et les pensions.

Le libéralisme, c’est le capitalisme réellement existant. Depuis quelques décennies, vers la fin des années 1970, quand Reagan et Thatcher sont arrivés au pouvoir, la libéralisation du mouvement des capitaux et la libéralisation de l’économie ont été pour le capitalisme la forme pour, simultanément, concentrer le pouvoir et la richesse, et attenter aux droits sociaux, donc pour désagréger la solidarité du mouvement syndical et ouvrier.

P.-S.

Entretien réalisé par Gael De Santis.

Source

L’Humanité, 11 février 2009.

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