- Comment assurer une véritable démocratie sociale ?
Dominique Mezzi. Je suis pour une démocratie sociale fondée sur le principe électif, qui était le fondement de la protection sociale issue de 1945. Il faut revenir au projet d’origine et fonder de véritables institutions autogérées de démocratie sociale. Dans ces institutions, toutes les organisations des salariés devraient avoir la possibilité de défendre leurs propositions par de véritables campagnes électorales contradictoires, avec débat public, sur ce qu’elles proposent comme mode de gestion, par exemple, de l’assurance chômage. Les syndicats, aujourd’hui reconnus représentatifs comme tous les autres, mais aussi les associations d’usagers que sont les mouvements de chômeurs, doivent avoir la possibilité de défendre leurs propositions en matière de gestion du salaire collectif qu’est la protection sociale.
La démocratie sociale, c’est le contraire du paritarisme qui, en l’état actuel, est un mode d’assujettissement du syndicalisme aux visées du patronat. Le patronat a parlé de paritarisme et l’a mis en ouvre à partir de 1958 à l’UNEDIC, et de 1967 pour le reste de la protection sociale. Il s’est battu depuis 1945 contre le fait que la protection sociale puisse être gérée démocratiquement par les assurés sociaux, par l’intermédiaire de leurs représentants élus. Il faut sortir de cette logique du 50 % de représentants du patronat, 50 % de syndicalistes. C’est un piège pour les syndicalistes car ils sont à la table où se partagent du pouvoir et des moyens matériels, qui ne sont absolument pas contrôlés par les salariés, les chômeurs ou les assurés sociaux. Cette opacité doit être remise en cause. Il en va du propre salaire de tous les assurés sociaux.
- Quelle place pour les représentants du patronat ?
Dans la négociation actuelle, il faut rendre effectif l’échec du MEDEF dans son offensive dite de la « refondation sociale ». Le non-agrément a ouvert cette possibilité, il faut l’assurer de manière irréversible, pour que s’ouvre une discussion de refondation d’une véritable démocratie sociale concernant l’assurance chômage et tous les autres piliers de la Sécurité sociale. Si le MEDEF le veut, il peut participer. S’il est prêt à se plier à la démocratie élective et au suffrage universel sur la démocratie sociale, qu’il le dise. Pour l’instant, je n’ai rien entendu de tel. Et le projet pour lequel il a obtenu samedi à l’aube la signature de la CGC n’est pas plus acceptable que le précédent.