Agir contre la montée de l’extrême droite en Europe

, par VACHETTA Roseline

Recommander cette page

Au soir du second tour de l’élection présidentielle en Autriche, Norber Hofer, candidat du FPO, auquel il n’a manqué que 30 000 voix pour être vainqueur, déclarait « c’est quand même une victoire, un tournant pour toute l’Europe, nous sommes très heureux ».

Une poussée réelle

L’Autriche est le révélateur de la montée en puissance des partis d’extrême droite [1]. Terme générique qui recouvre de multiples nuances : droite populiste, droite radicale, populisme de droite… Dans la quasi totalité des pays européens, à l’exception des pays du Sud de l’Europe, l’extrême droite réalise dans les élections qui revêtent un caractère national, des scores à deux chiffres et souvent en progression entre deux échéances : comme le parti du peuple danois (16,3 % en 2013, 21 % en 2015) ou le FN (13,6 en 2012 et 27,7 en 2015) On attribue souvent cette montée à la crise économique. Mais la Suisse (29,4 % de voix pour l’UDC en 2015 !) ou l’Autriche sont des pays riches, qui échappent à une analyse sommaire. Jean-Yves Camus parle pour ces deux pays de « nationalisme de prospérité ». Les pays à forte poussée de l’extrême droite sont bouleversés par un faisceau de crises concomitantes : une crise de confiance profonde dans les institutions qui fait apparaître qu’une majorité du peuple n’est pas représenté, une crise de la redistribution de la richesse particulièrement injuste, une crise d’identité à caractère nationaliste. Les partis d’extrême droite s’appuient fortement sur un sentiment de crise générale, crise économique due à la mondialisation, crise de dépossession avec d’un côté l’euro et les diktats européens et de l’autre l’arrivée en nombre de réfugiés. Une crise de sens aussi : sale impression de ne peser sur rien et du coup que l’entre soi, le renfermement sur le mythe de nation ethnique est LA solution.

Un fond de discours qui reste le même

Tous ces partis ont en commun une conception ethnicisée du peuple et de l’identité nationale, ils se présentent comme le dernier recours face à l’Union européenne et un rempart contre « l’envahissement » par les étrangers et l’islamisation de la société. Ils surfent sur les difficultés que créent le système inégalitaire pour une majorité de personnes et renforcent la création de bouc émissaire. En Allemagne par exemple l’AFD (Alternative pour l’Allemagne) mouvement politique créé en 2013 déclare par exemple que l’Islam est incompatible avec la Constitution et obtient en 2014, 24 % des voix en Saxe où il arrive 2e.

Candidats, ils se présentent comme alternatifs aux partis au pouvoir, proches des intérêts du peuple, nationalistes, xénophobes, fermés aux étrangers et à tout internationalisme. Au pouvoir, ils affichent un soutien loyal au système économique capitaliste injuste et mettent en œuvre des politiques nationalistes et racistes.

Face à eux, nous opposons, une solidarité active et permanente avec les migrants, nous combattons les politiques racistes et celles qui sont dangereuses pour le plus grand nombre, comme la loi El Khomry, nous lions aussi des solidarités fortes avec les peuples qui se battent pour le respect de leurs cultures, la fin des guerres et leur liberté. Et quand notre parole devient plus audible, comme en France en ce moment, leur discours est moins fort !

Notes

[1N.B. Le 1er juillet, la Cour constitutionnelle autrichienne a annoncé l’invalidation du résultat de l’élection présidentielle, suite au recours déposé par le parti d’extrême droite FPÖ. Un nouveau scrutin présidentiel aura lieu probablement à l’automne.

Source

Inter-Peuples, n° 248, été 2016. URL : http://www.ciip.fr/spip.php?article993

Extra

Crédit logo d’article : © Heinz-Peter Bader/Reuters pour Lemonde.fr

Pas de licence spécifique (droits par défaut)