Les députés devraient adopter le 5 mai la loi sur le renseignement, véritable armada politique et administrative lancée contre nos libertés et droits fondamentaux. Retour sur la transformation en voie d’achèvement d’un État de droit en un État policier.
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Les dates du passage devant l’Assemblée nationale ont été bien choisies : quelques semaines après une élection qui a consacré la prégnance du FN et des idées populistes et xénophobes, dans un climat social mauvais où le nombre des actes racistes explose. Dans un contexte également où le gouvernement entre maintien du plan vigipirate et répression tout azimut des mouvements sociaux, présente le risque d’attentat comme le cataclysme majeur. Et avance donc à grands pas sur l’adoption d’une loi qui sous couvert d’assurer notre (hypothétique) sécurité supprime un bon nombre de nos libertés, débattue en procédure d’urgence devant seulement 50 députés présents. Les quelques récalcitrants ont de plus été sommés de filer doux par un Valls plus péremptoire que jamais « certains députés ont le sens de l’État d’autres un peu moins par moments »...
Cette loi, censée elle aussi lutter contre le terrorisme, comme une partie des 25 lois sécuritaires votées depuis 15 ans est d’abord liberticide. Elle autorise l’entrée de mesures d’exception dans le droit commun. Elle légalise et multiplie des méthodes des services de renseignement dignes de barbouzes : contre les 3000 personnes plus ou moins suspectées (?) de tentation terroriste, ainsi que leurs familles, amis et voisins, tous les moyens de flicage deviennent légaux : écoutes au domicile, géolocalisation par pose de valisettes sous les véhicules, installation de boites noires chez les opérateurs et hébergeurs de site munies d’algorithmes chargés de détecter des comportements atypiques de la population mais typiques des terroristes (!), pose de fausses antennes relais capables de capter toutes les conversations des habitants sur un rayon de 500 m.
Tout cela sans aucun mandat judiciaire, tout ce pouvoir d’espionnage entre les seules mains du premier ministre, c’est une fusion des différents pouvoirs sans possibilité de mise en œuvre de contre-pouvoirs. Un État qui écoute secrètement tout le monde n’est plus un État de droit, mais un État policier.
La loi est étendue à des champs tellement vastes que son domaine est quasi illimité : la politique étrangère, les intérêts économiques et industriels de la France, la prévention des violences collectives pouvant remettre en cause la paix publique. Ce qui signifie que le secret défense va continuer de protéger les opérations militaires extérieures ainsi que les barons de l’industrie et leurs actionnaires. Sous couvert de sécurité extérieure, de protection des avancées technologiques de la recherche et de l’industrie française, les citoyens pourront être épiés et inquiétés. S’ils dénoncent les nanotechnologies par exemple... Quant à la prévention des violences collectives, allons-nous voir demain des arrestations préventives avant les manifestations comme cela se passe dans certains États autoritaires ? Au fond, ce qui est vraiment attaqué c’est notre liberté individuelle et notre droit à la critique, à la rébellion, à la manifestation.
Cette loi liberticide nous devrons la combattre jusqu’à son retrait !
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