L’Union Démocratique du Centre (UDC), c’est le nom français que s’est donné le Parti du Peuple Suisse (Sweizerische Volkspartei) de Christoph Blocher. Son origine : le Parti des paysans, artisans et bourgeois (PAB), dont les premiers groupes naissent dans les cantons de Zurich, d’Argovie et de Berne, à la fin de la Première guerre mondiale, avec un ancrage essentiellement rural. Ultra-conservateur, nationaliste et fermement antisocialiste, il sert alors de béquille paysanne à la bourgeoisie radicale et catholique-conservatrice, dans une période de montée des luttes sociales. Coopté au Conseil fédéral dès 1929, il se donne une structure nationale dès 1935-36, bien que son implantation se limite alors à quelques cantons protestants suisses-alémaniques, et qu’il reste largement sous la coupe de sa section bernoise.
Parti paysans pour l’essentiel, se revendiquant du Mittelstand (classes moyennes), le PAB recrute aussi parmi les secteurs les plus autoritaires et réactionnaires de la droite bourgeoise urbaine. C’est aussi le parti de l’armée, de la neutralité et des banques. Pendant la Seconde guerre mondiale, son conseiller fédéral, Eduard von Steiger, élu en 1940, sera ainsi le responsable de la politique ultra-restrictive à l’égard des réfugiés, en particulier des Juifs. Le chef de sa fraction parlementaire au Conseil national (1942-1955), le colonel-divisionnaire Eugen Bircher, qui avait fondé une organisation patriotique des « gardes civiques » contre la grève générale de 1918 et salué l’arrivée de Hitler au pouvoir comme un « acte salutaire pour la culture de l’Europe centrale », organise les fameuses missions sanitaires suisses sur le front de l’Est, sous le patronage de la Croix-Rouge, qui travailleront sous l’autorité de la Wehrmacht et ne porteront secours qu’à des militaires allemands.
En 1971, lorsqu’il fusionne avec les Démocrates de Glaris et des Grisons, le PAB prend le nom de Parti du Peuple Suisse (SVP/UDC). L’année suivante, il enregistre une adhésion prometteuse, celle de Christoph Blocher, fils et petit-fils de pasteur, qui présidera sa section zurichoise à partir de 1977, avant de devenir, dès 1983, actionnaire majoritaire d’EMS-Chimie, une importante entreprise du secteur [1]. En 1975, le SVP/UDC ne séduit pourtant que 10 % de l’électorat national. De même, au cours des années 1980, il peine à capitaliser la montée de l’extrême droite non gouvernementale, qu’elle soit xénophobe ou ultra-libérale. Le take-off viendra dans les années 1990.
Aujourd’hui, les enquêtes de sociologie politique révèlent que l’électorat SVP/UDC est majoritairement masculin, jeune, indépendant et rural. Il dispose d’un niveau culturel moyen à faible. Il est sureprésenté à la fois dans les couches les plus pauvres et les plus riches de la société. C’est l’image inversée de l’électorat du Parti socialiste, majoritairement féminin, d’âge moyen, salarié (en particulier dans la fonction publique) et urbain, avec un niveau culturel élevé et des revenus moyens.