- Les cinéastes anti-loi Debré, les animateurs des mouvements sociaux, Act-up, Ras l’Front, le Syndicat de la Magistrature, manifestent, pétitionnent ou menacent... La campagne électorale n’a donc rien changé ?
Des élections ne sont jamais un coup « nul »... Mais les mouvements apparus depuis des années ne sont pas représentés. Logiquement, des groupes et des individus ont essayé de se faire entendre dans la campagne. Mais, après les élections, les mouvements sociaux reprendront... Une radicalisation des mouvements n’est pas à exclure... La gauche devra compter avec des gens vigilants, qui le mettront en liberté très surveillée...
- Cette perte de confiance est-elle un refus de la politique ?
On vit une situation paradoxale. Un million de personnes étaient dans la rue en décembre 1995. Il y a eu un vaste mouvement contre la loi Debré, une énorme mobilisation anti-FN. Mais des militants, légitimes socialement, ne percent pas aux élections quand ils se présentent — souvent au nom de petits groupes gauchistes... Comme si la dichotomie entre la réalité et la politique était acceptée... Le PS provoque encore trop de méfiance. Quant au PC, il n’a pas su, ou pas voulu, s’ouvrir aux nouvelles luttes. Je souhaite que naisse de tous ces mouvements qui se cherchent une troisième gauche, structurée, qui fasse le lien entre les nouveaux militants, la coupure entre l’engagement social et la lutte anti-Le Pen.