Comment jugez-vous l’affaire Rouillan ?
Je suis atterré que mon organisation se retrouve dans cette situation. Nous n’avons jamais rien eu à voir avec une secte gauchiste fascinée par la violence minoritaire. Dans notre conception de la transformation sociale, c’est le monde du travail qui prend en main son destin pour se libérer. Contrairement à cette frange de l’ultragauche européenne à laquelle appartenait Action directe, nous n’avons jamais imaginé nous substituer au combat émancipateur de la population. Nous voilà aujourd’hui sous le coup d’une campagne de la droite pour nous discréditer en cherchant à nous associer à une mouvance que nous avons toujours combattue.
Pourtant, la réaction de la LCR semble embarrassée...
Rouillan n’est jamais revenu sur les errances délirantes de son mouvement dans les années 70 et 80. Libre à lui. Libre à nous de dire que son combat et le nôtre sont totalement contradictoires. Lui continue à entretenir l’illusion qu’une petite avant-garde armée pourrait être détentrice des intérêts suprêmes du prolétariat. Nos combats n’ont rien à voir. Nous nous sommes fait piéger. Par ses déclarations, Rouillan essaie de nous faire endosser sa conception du combat révolutionnaire.
Selon vous Rouillan n’a donc pas sa place au NPA ?
Je me suis battu pour qu’on n’inflige pas à Rouillan une double peine en le maintenant en détention alors qu’il avait purgé sa peine de sûreté. S’il est réincarcéré, je continuerai. Cela me permet de dire que la Ligue doit lever toute ambiguïté sur le fait qu’il n’a pas sa place dans la construction du NPA. Rouillan n’a rien à faire dans le NPA. Le dire de façon claire, nette et précise est la seule manière d’en terminer avec cette polémique qui cherche à nous nuire en nous assimilant à un groupe terroriste qui n’a jamais rien représenté.