- Pourquoi le NPA, très présent sur le terrain social, semble-t-il absent de la campagne pour les élections européennes ?
Ce n’est qu’une impression. Nous allons tenir 14 grands meetings centraux d’ici au 7 juin, et nous avons programmé des déplacements à l’étranger, au Portugal, en Espagne et en Pologne. Nos têtes de listes multiplient par ailleurs les réunions locales. Ramené à nos forces militantes et, en comparaison avec les autres formations politiques institutionnelles, nous en faisons largement plus que d’autres. C’est notre façon d’appréhender l’élection européenne qui nous différencie. On se bat pour que tout ce qui émerge actuellement au niveau social et politique dans le cadre de la résistance face aux dégâts de la crise trouve une expression radicale à l’occasion du scrutin européen.
- Figure emblématique du NPA, vous êtes candidat aux européennes, mais en position inéligible. Pourquoi ?
Nous respectons nos engagements pris en janvier au moment de la création du NPA. Nous voulons prouver que le NPA n’est pas le parti d’un seul homme et qu’il est temps pour nous de faire émerger de nouvelles figures. C’est maintenant chose faite avec des têtes de listes comme, par exemple, dans la circonscription Grand Ouest, Laurence de Bouard qui travaille à l’hôpital de Carhaix.
- Pourquoi avez-vous refusé la main tendue par le Front de gauche de Marie-George Buffet et Jean-Luc Mélenchon ?
Nous leur avons proposé de constituer un véritable front anticapitaliste militant pour des solutions radicales, comme l’interdiction des licenciements, l’augmentation des salaires. Nous avons proposé un front anticapitaliste qui soit indépendant durablement de la direction du Parti socialiste. Pour parler clair, il est impossible de réaliser un coup au moment des élections européennes pour qu’à l’élection suivante — les régionales — certains repartent avec le PS. Je pense que si nous avions accepté cela, nous aurions créé beaucoup d’espoir pour mieux décevoir ensuite. Et, en politique, il n’y a pas pire qu’un espoir déçu. Voilà pourquoi nous refusons les calendriers alternés où l’on fait une année avec nous et, l’année suivante, avec le Parti socialiste.
- L’action sur le terrain social, sur lequel vous êtes très présents, n’amène-t-il pas le NPA à négliger les échéances électorales ?
À nos yeux, il y a une liaison entre les deux. Le social n’est pas cantonné seulement à la rue et la politique pas réservée aux institutions. Nous contestons cette division. Ce qui se passe aujourd’hui est politique dans les entreprises pour tous les salariés qui résistent pour sauvegarder leurs emplois ou leurs salaires et pour tous ceux qui cherchent à sauver les services publics dans le domaine de la santé, dans l’éducation ou l’énergie. Ces personnes résistent tout en élaborant elles-mêmes leurs propres solutions alternatives pour que la crise soit payée par ceux qui en sont responsables. Il suffit de regarder ce qui se passe en Guadeloupe pour comprendre que, dans les luttes sociales il n’y a pas que de la contestation ; il y a aussi des personnes qui font de la politique, des personnes qui débattent des choix de société.
- François Bayrou se pose aujourd’hui en « meilleur opposant » à Nicolas Sarkozy. Lui contestez-vous ce titre ?
Nous avons trouvé le meilleur opposant à la politique de Nicolas Sarkozy. Il ne figure jamais dans les sondages. C’est l’opposition sociale. Ce sont les millions d’anonymes qui, d’une manière ou d’une autre, sont concrètement confrontés à la nécessité de résister aux mauvais coups de Sarkozy. Pour l’instant, la difficulté tient au fait qu’il s’agit seulement d’une opposition sociale sans relais politique. Nous, humblement, nous essayons de répondre à cette carence avec la création du NPA. Celles et ceux qui nous rejoignent sont d’abord des militants syndicalistes et associatifs qui se sentaient orphelins d’un parti politique.