Lois Hartz, premier pas de « l’Agenda 2010 »

, par Inprecor

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Avec son trop fameux agenda 2010, la coalition « rouge-verte » (SPD-Grünen) se livre à une casse sociale généralisée et cela sans rencontrer aucune opposition parlementaire. Garanti par la Constitution, « l’État social » est mis en question, ce qui remet en cause l’ordre social mis en place après la guerre.

L’Agenda 2010 prévoit le démantèlement (privatisation) des systèmes de protection en cas de maladie, de vieillesse, de licenciement et l’abolition du statut de chômeur de longue durée. Les 4 lois « Hartz » mettent en musique cette orientation. Les offres d’emplois à durée limitée augmentent sensiblement sur le marché du travail. Les salaires proposés se trouvent 20 à 30 % au dessous du niveau tarifaire, les licenciements sont facilités, la protection contre le chômage réduite, l’acceptation de tout emploi, indépendamment du niveau de qualification et du salaire antérieur, contraignante, la protection chômage en cas de chômage de longue durée, annulée. Puisque les élites politiques et sociales refusent toute politique vraiment créatrice d’emploi il devient possible qu’un chômeur reste sans emploi et sans prestation. C’est le retour à la pauvreté.

Les lois Hartz prévoient en particulier :
— La protection contre le licenciement est aussi attaquée. Elle serait abolie dans les petites entreprises comptant moins de 20 salariés ;
— Concernant le système de santé, la part du prix des médicaments à la charge des patients est augmentée ; en plus les patients doivent payer, à partir du 1er janvier 2004, un forfait de 10 euros trimestriels pour les visites médicales. Enfin les caisses-maladie refusent de prendre en charge les salaires au-delà des premières six semaines de l’arrêt-maladie (au cours des premières six semaines de maladie les salariés continuent à être payés par l’employeur, qui se fait rembourser par la caisse-maladie). Pour couvrir les arrêts-maladie au-delà des six semaines, on demande aux salariés de recourir aux assurances complémentaires (financées à parité par les employeurs et les salariés). Enfin les privatisations doivent être élargies dans le secteur de la santé...
— Le raccourcissent de la durée de l’allocation-chômage à 12 mois au maximum (seuls les plus de 55 ans pouvant bénéficier d’une extension jusqu’à 18 mois), toujours en fonction de la durée de leur emploi précédent, bien entendu. Ceci exclut 30 % des allocataires actuels du régime des allocations-chômage ;
— Les chômeurs de longue durée, qui jusqu’à présent ont touché une allocation-chômage calculée en fonction de leur dernier salaire (53 %) et qui leur donnait droit à un emploi correspondant plus ou moins à leur qualification, n’auront droit, à partir du 1er janvier 2005, qu’à un minimum bien au dessous du seuil de pauvreté : 345 euros mensuels en ex-RFA et 311 euros en ex-RDA, ce qui ne laissera guère plus de 4,5 euros par jour pour manger. En principe le coût du loyer s’ajoute à ce montant, mais la restructuration de l’agence de l’emploi, qui octroie les emplois en même temps qu’elle verse les prestations, selon les critères d’une entreprises privée fait en sorte que l’arbitraire augmente et une famille peut être contrainte à déménager si le loyer qu’elle paye est considéré « excessif ». Ce « revenu social » est bien sûr conditionné par les ressources du ménage. En fonction de cela un demi-million de personnes vont perdre le droit à cette prestation ;
— Cette nouvelle prestation changera aussi le régime actuel de l’aide sociale. Jusqu’à présent elle avait la fonction de s’additionner au salaire dans le cas ou celui-ci serait au dessous du niveau de l’aide sociale. La nouvelle aide sociale ne sera versée qu’aux personnes qui ne sont pas en mesure d’assumer un emploi : handicapés, personnes âgées, malades, etc. Le chiffre de personnes pouvant encore toucher l’aide sociale va tomber d’un million deux cent mille à environ deux cent mille.

Et dire que la fondation Bertelsman (Think Tank du gouvernement) pense que c’est encore trop et que la nouvelle allocation-chômage devrait être divisée par deux ! La justification fournie par la loi Hartz est claire et se passe de commentaires : « Les exigences qu’on est en droit d’avoir vis-à-vis des chômeurs sont sans limite car le coût qu’ils représentent pour la société doit absolument diminuer » !

De ces mesures va résulter un développement de secteurs à très bas salaires dans la santé, les aides ménagères, etc. qui va frapper les femmes tout particulièrement. Nombre de personnes sont poussées à un travail par intérim ou encore « aidées » à « s’établir à leur compte ». Des centaines de milliers de gens vont être purement et simplement plongés dans la misère par cette mesure.

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