- On a le sentiment d’un NPA en berne. On se trompe ?
Olivier Besancenot : Après le revers électoral des régionales (un score en forte chute, autour de 2,4 %, ndlr), le mouvement social de l’automne nous a remis en selle et permet au NPA de poursuivre sa redéfinition. Quantitativement et qualitativement, la LCR et le NPA n’ont rien à voir. Notre objectif qui consistait à rassembler des traditions militantes différentes est atteint. Par ailleurs, un épisode comme le mouvement social de l’automne sur les retraites rappelle à tous l’utilité du NPA. Quand une partie de la population fait irruption dans le débat national, cela fait écho à notre projet initial. D’un point de vue politique, c’est tout le mouvement ouvrier qui est sorti gagnant de cette séquence. Et inversement, le gouvernement a méchamment dévissé. Ça ne peut donc pas être un sentiment de défaite qui l’emporte. Je n’ai pas du tout le sentiment d’une panne au NPA.
- Le contexte pourrait ouvrir un boulevard au dépassement du capitalisme. N’est-ce pas absurde de voir des forces à la gauche du PS mouliner chacun dans leur coin alors qu’une feuille de papier à cigarette les sépare ?
O.B. : Je sais pas si c’est seulement une feuille de papier à cigarette qui nous sépare, ça dépend de ce qu’on fume ! Plus sérieusement, si vous faites allusion à Jean-Luc Mélenchon, bien sûr qu’il y a de vraies divergences. On est favorable à une candidature qui fédère les forces anticapitalistes, mais ça ne peut pas être Jean-Luc Mélenchon. S’il continue à tresser des lauriers à l’union de la gauche ou à François Mitterrand, par exemple, ça n’est pas très compatible.
- Jean-Luc Mélenchon doit payer pour son passé socialiste ?
O.B. : Non. Mais la question se posera de manière très actuelle s’il décide d’aller dans un gouvernement avec Dominique Strauss-Kahn, par exemple. Il vient du système, il a fréquenté les arcanes du pouvoir. Jean-Luc Mélenchon pense qu’on peut changer les choses de l’intérieur et nous on pense que ça vient de l’extérieur. Le pouvoir est fait pour anesthésier toute dynamique de changement. Il faut fonctionner du bas vers le haut et pas l’inverse. Quand on veut rassembler, il faut le faire dans la clarté. Au nom de l’unité, on ne peut pas tout écarter.
- Vous laissez planer le doute sur votre candidature à la présidentielle. Le NPA peut-il faire un score sans vous ?
O.B. : Heureusement que l’existence du NPA n’est pas liée à une personnalisation, de qui que ce soit. La question du « qui » sera candidat n’est pas encore à l’ordre du jour. Ce qui compte, c’est pourquoi et comment. On doit penser en termes de proposition politique et de synthèse entre forces politiques et mouvement social.