- Comment analysez-vous le conflit social que vient de traverser le pays et, plus encore, les conditions de sortie de cette crise ?
Olivier Besancenot : Il est pour le moins hâtif de dire que c’est terminé. Les étudiants sont toujours en lutte, les avocats risquent de l’être demain et les cheminots ont répété qu’ils seraient très vigilants quant aux résultats des négociations en cours. Il y a de fait une succession de conflits. Nicolas Sarkozy a allumé tant de mèches à la fois...
- Que répondez-vous à la droite et au gouvernement qui vous ont accusé d’instrumentaliser ces mouvements ?
O.B. : Je serais ravi que la Ligue puisse faire descendre trois millions de personnes dans la rue sur un simple appel, mais nous n’en avons pas la force. C’est une blague qui est vieille comme l’histoire des conflits sociaux. Parmi les 78% de cheminots grévistes du 18 octobre, il y en avait sans doute un bon nombre qui ont voté Sarkozy. Nous avons le bras beaucoup moins long dans la mobilisation que celui du gouvernement dans les médias.
- Comment espérez-vous convaincre les communistes et l’ensemble des antilibéraux de se retrouver dans un nouveau parti ?
O.B. : Ce n’est pas un appel lancé aux organisations mais aux individus, à tous ceux qui sont prêts à faire un bout de route avec nous, même s’ils peuvent être en désaccord avec la Ligue sur tel ou tel point. Ce ne peut pas être un cartel : voilà vingt ans qu’on accumule les échecs en voulant imposer ce schéma par le haut. On peut, par contre, trouver un nouveau souffle à la base, avec les collectifs antilibéraux, des groupes locaux, les militants de Lutte ouvrière... Il faut que l’on porte un nouvel espoir.
- Vous êtes-vous imposé un calendrier pour cela ?
O.B. : Nous ne sommes pas dans une course contre la montre. La situation sera plus claire après les municipales. Pour autant, ces élections peuvent constituer une étape importante pour tous ceux qui s’opposent à la politique insupportable de Nicolas Sarkozy. Nous devons rechercher à constituer un maximum de listes collectives portant la voix de la gauche radicale.
- Le Parti socialiste est-il condamné à vos yeux ?
O.B. : Il n’y a jamais rien de définitif en politique. Je n’ai par ailleurs aucun désir de jouer la voiture-balai de la gauche, même si beaucoup de salariés et de chômeurs se tournent aujourd’hui vers nous. Si le vide créé par le Parti socialiste était comblé par la gauche radicale, on le verrait déjà.
- Votre popularité personnelle est-elle synonyme d’adhésion ?
O.B. : Nous n’avons jamais cédé au culte de la personnalité, ce n’est pas maintenant que nous allons commencer. S’il y a aujourd’hui un mouvement d’intérêt plus large pour nous, c’est parce que la population estime que nous sommes les plus utiles pour organiser la riposte à Sarkozy.