Vous qui avez participé au soulèvement de Mai 68 avant d’occuper longuement la scène politique française et européenne, pensez-vous qu’un nouveau Mai 68 est aujourd’hui possible en France ?
« Le contexte est très différent. Le mouvement Nuit debout, par exemple, est remarquable, mais cela reste pour le moment limité. Il existe un énorme ras-le-bol dans notre pays, mais les gens participent beaucoup plus volontiers à une manif qu’à une grève. Parce que ce serait un effort financier, et parce qu’il y a la pression du patron. Nous ne sommes pas dans une perspective de grève générale alors qu’il faudrait bloquer l’économie sur plusieurs jours pour faire reculer le gouvernement, notamment sur la loi travail. Il faudrait un Mai 68 qui réussisse, mais nous n’en sommes pas là. »
Dans ce contexte, le NPA a-t-il toujours son mot à dire ?
« Bien sûr, car la crise du capitalisme est encore plus profonde qu’en Mai 68. Nous voyons bien, dans les manifs, les cortèges imposants de la CGT mais aussi la masse des anti-tout, anti-partis politiques, anti-syndicats… Notre rôle est de mettre du lien entre tous, mais le plus frappant, c’est que cette crise ne profite pas aux anticapitalistes, mais plutôt aux mouvements nationalistes. »
Que vous inspire la révélation du scandale des Panama Papers ?
« Cette affaire prouve une fois de plus les conséquences considérables que peut avoir l’économie capitaliste. Encore une fois, une petite minorité obtient, souvent frauduleusement, des milliards, et impose à une immense majorité une politique d’austérité. C’est une tempête, un tsunami, et le plus regrettable c’est que le gouvernement français répond par bribes, alors qu’il était sans doute au courant de ce qui se passait. »