- Avec quels moyens menez-vous cette campagne, vous, le candidat-ouvrier ?
À partir du moment où on obtient les 500 parrainages, on perçoit une enveloppe qui tourne autour de 800 000 €. Nous faisons des campagnes à peu de frais. Ces 800 000 € correspondent à l’ensemble des frais engagés. Dans nos meetings, on ne fait pas dans le style Sarkozy ou Mélenchon ! Nous ne payons que les affiches et les professions de foi. L’activité militante repose sur le bénévolat.
- « Taxer les riches », c’était votre slogan préféré. Vous n’êtes plus seul à vouloir le faire...
(Rires) Eh oui, tout le monde est devenu le candidat du peuple. Chacun se souvient qu’il a été pauvre à un moment donné. C’est classique dans une campagne. Tous ces politiciens se rendent compte qu’il y a des injustices et des gens qui perdent leur boulot. Mais dès qu’ils sont élus, ils nous disent qu’il faut se serrer la ceinture. Cela révèle tout le mépris qu’ils ont pour les pauvres.
- Une de vos propositions choc est d’augmenter les salaires mensuels de 300 €. Comment ?
Ça peut paraître démago mais ça ne l’est pas. Il y a toute une propagande assurant qu’il n’y a plus d’argent. Mais c’est le résultat de milliards de cadeaux fiscaux faits aux plus riches : 142 milliards d’euros ne rentrent plus dans les caisses de l’État du fait des niches fiscales. On a Bettencourt et ses 17 milliards de fortune, Arnault et ses 30 milliards, Bolloré – le pote à Sarkozy – et ses 4,8 milliards. Ce sont ces fortunes qui sont choquantes. Pendant que d’autres n’arrivent pas à se soigner ou se suicident à cause de leurs conditions de travail. Il faut aller prendre l’argent là où il se trouve. Les moyens existent pour que la population vive correctement. En laissant les riches toujours aussi riches. Ce n’est pas parce qu’ils perdent quelques milliards qu’ils seront pauvres.
- Vous voulez sortir du nucléaire en dix ans. Cela sent la surenchère, non ?
Non. Nous voulons faire baisser massivement la demande par une politique d’aide aux économies d’énergie. Sur l’offre, nous voulons développer aussi les énergies renouvelables. Elles permettront de créer des milliers d’emplois. Regardez le Japon : 50 réacteurs à l’arrêt et le pays continue de tourner. Cela permet de relativiser le discours que l’on entend sur le nucléaire, où l’on oublie de calculer son coût réel et ses risques.
- Vous êtes le seul ouvrier de la campagne. Comment vous faire mieux entendre que d’autres candidats qui se précipitent au chevet des usines en difficultés ?
Je suis allé à Florange. C’est sûr qu’il y avait moins de journalistes que pour d’autres candidats. Il faut dire que François Hollande est venu avec un bus de 60 journalistes, c’est le PS qui paye le transport. Mais ce n’est pas grave. À Florange, on a pu discuter directement avec les salariés qui se battent contre les fermetures d’usines et les délocalisations. C’est mon avantage, je ne suis pas vu comme le candidat avec sa cravate qui vient faire le malin pendant sa campagne. J’y vais comme collègue, pour parler des moyens de renforcer la résistance et de créer des liens entre les différentes luttes sociales. Nous défendons l’idée d’interdire les licenciements et les délocalisations. C’est un rapport de force à créer. Chez Ford en 2007, nous avons fait grève, les candidats sont venus. La lutte a duré quatre ans mais nous avons sauvé l’usine. Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, est bien plus haut que vous dans les sondages.
- Comment l’expliquez-vous ?
Si Mélenchon est haut dans les sondages, tant mieux pour lui. Mais la gauche plurielle, on l’a déjà vécue et on sait ce que ça a donné. Les élus du Front de gauche sont dans les conseils régionaux aux côtés des socialistes et votent les budgets. Donc ils feront pareil au gouvernement et voteront la rigueur.
- Quelle consigne donnerez-vous pour le second tour ?
Il faut dégager Sarkozy et toute sa bande. Mais Hollande nous propose une austérité de gauche. D’où l’importance de mettre en place des batailles sociales.