IVe Internationale — Session du Comité exécutif international (CEI)

, par Comité International de la IVe Internationale, MALEWSKI Jan

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Le Comité exécutif international (CEI), instance dirigeante de la IVe Internationale entre deux congrès mondiaux, s’est réuni en Europe en février. Une cinquantaine de membres et d’observateurs ont pris part à ses travaux.
Cette réunion fut l’occasion de poursuivre le débat sur les résistances à la mondialisation capitaliste à la lumière d’un premier bilan du succès du Forum social mondial qui s’est tenu à Porto Alegre. Le CEI a également poursuivi le débat sur l’évolution de la situation politique internationale et sur les tâches qui incombent aux marxistes révolutionnaires, en vue de la préparation du XVe Congrès mondial de l’Internationale. Une commission de rédaction d’une résolution sur « la situation mondiale et nos tâches » a été mise en place, pour résumer dans un document unique le projet de résolution sur la situation internationale adopté lors du CEI d’octobre 2000 et le projet de résolution sur les tâches soumis à la discussion de ce CEI.
Le CEI a poursuivi le débat concernant les projets de résolution sur l’écologie et sur la libération des homosexuel(le)s, discutés en vue de leur adoption par le XVe Congrès mondial, après avoir entendu les rapports d’étape des commissions chargées de leur élaboration.
Le CEI a débattu de l’évolution de la situation aux Philippines après la destitution du président Estrada, des développements politiques en Amérique latine (luttes indigènes en Équateur et mobilisations contre le Plan Colombie) et de l’expérience du Bloc de gauche où notre section portugaise est engagée. Il a également débattu du budget de l’Internationale pour l’année 2001 et a pris des décisions visant à renforcer l’élaboration et l’activité commune des sections.
Afin d’éviter des conflits de calendrier entre les activités de masse dans lesquelles les sections sont engagées et la tenue du débat interne, le CEI a décidé de repousser au printemps 2002 le XVe Congrès mondial, initialement prévu pour l’automne 2001. Une autre session plénière du CEI se tiendra à ce moment pour débattre, entre autres, des modalités d’organisation du Congrès mondial et des invitations à adresser à d’autres organisations révolutionnaires pour qu’elles participent activement à nos travaux.
Enfin le CEI a débattu et adopté deux résolutions d’actualité que nous reproduisons ci-dessous.

[J.M.]

Déclaration du CEI – Sur le cas de Mumia Abu-Jamal

Le cas de Mumia Abu-Jamal est tristement célèbre dans le monde en tant qu’un des pires exemples de l’injustice sociale et raciale aux États-Unis, un pays qui jouit du privilège peu enviable de figurer parmi les leaders mondiaux dans le domaine des exécutions capitales. Par les voix du Parlement européen, d’Amnesty International, du président sud-africain Nelson Mandela, des enseignants brésiliens, pour ne citer que quelques unes d’entre elles, l’opinion publique mondiale a bruyamment proclamé que le procès originel de Mumia était irrégulier et a exigé qu’il puisse bénéficier d’un nouveau jugement.
L’année 2001 sera décisive pour l’appel de Mumia ; elle déterminera en retour si l’exigence mondiale de la justice est prise en compte ou niée. Le juge de la Cour du District Fédéral, William Yohn, a la grande responsabilité de décider si, devant l’évidente faute du procureur et de la police, les témoins qui ont nié ou modifié leurs témoignages et tous les autres, y compris les experts scientifiques, qui n’ont jamais été entendus par le jury originel (faits qui ont convaincu l’opinion publique internationale), seront considérés par la Cour fédérale comme faisant partie de la procédure du procès en appel de Mumia.
Il est donc essentiel que tous ceux qui se sentent concernés par les questions fondamentales des droits humains et du respect de la justice redoublent leurs efforts en faveur de Mumia Abu-Jamal. Une victoire de la justice dans ce cas serait bien plus qu’une victoire pour Mumia. Ce serait une victoire pour des milliers d’autres à travers les États-Unis, détenus et condamnés à mort au cours de procès aussi peu respectueux des normes légales internationales que celui de Mumia, mais qui ont simplement reçu moins de publicité, ce serait une victoire pour tous les prisonniers politiques dans le monde.

Adopté par le CEI le 21 février 2001.

Déclaration du CEI – Solidarité internationale avec la marche de l’EZLN

1. La « mondialisation néolibérale », qui n’est autre que l’expression de l’internationalisation du capital impérialiste, rencontre une résistance sociale chaque jour plus ample, plus soutenue et plus radicale. En ce sens l’idée qu’un « autre monde est possible » s’est exprimée avec force lors du récent Forum social mondial de Porto Alegre, non seulement comme l’expression de la rébellion, du rejet et de la révolte que suscite la tyrannie du marché, mais aussi comme l’espoir multicolore des expériences de lutte plurielles et massives. Et avant tout comme la volonté de transcroître en une alternative populaire et démocratique, anti-impérialiste et anticapitaliste.

2. L’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) a été un facteur important pour ce changement de climat. Depuis le soulèvement insurrectionnel de janvier 1994, au travers de la convocation de la Première rencontre intercontinentale pour l’Humanité et contre le néolibéralisme, l’EZLN est devenue une référence politique et morale incontournable pour tous ceux et toutes celles qui, sur des barricades diverses, s’opposent aux contre-réformes conservatrices présentées sous l’étiquette de la « modernisation ». Sans doute possible l’EZLN est devenue une protagoniste fondamentale de ce mouvement pour « un autre monde possible », qui a acquis une visibilité à partir de Seattle, mais qui en réalité a pris forme tout au long des années précédentes et qui est l’expression des luttes des mouvements indigène, paysan, syndical, des chômeurs, des femmes, de défense des droits humains et de tant d’autres secteurs populaires.

3. Aujourd’hui l’EZLN engage un nouveau combat et lance — dans la foulée de la défaite historique du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel) — un défi au nouveau gouvernement néolibéral : la marche de l’EZLN sur la ville de Mexico pour exiger la réalisation des accords de San Andres et leur traduction dans des réformes légales et constitutionnelles, décisives pour réaliser une paix dans la dignité, c’est-à-dire une paix qui reconnaisse et respecte les droits des peuples indigènes du Mexique. Pour l’EZLN la réalisation des accords de San Andres est nécessaire pour une issue politique du conflit, comme le sont la libération des prisonniers zapatistes et le repli de l’armée fédérale des communautés zapatistes.

4. Contre la « mondialisation néolibérale » capitaliste, les luttes zapatistes, de concert avec les expériences comme celle du budget participatif de Porto Alegre et de Rio Grande do Sul au Brésil, la récente victoire du mouvement indigène et populaire en Équateur, les campagnes contre le Plan Colombie et le projet impérialiste de l’Accord du libre commerce des Amériques, montrent qu’il est possible de perturber l’ordre de ceux d’en haut et d’avancer vers « un monde qui inclue tous les autres mondes ».

5. La IVe Internationale réaffirme sa solidarité avec la lutte de l’EZLN, sa Marche et ses exigences. Elle salue le Congrès national indigène qui se réunit ces jours-ci. Cet engagement militant s’exprimera tant au travers de nos camarades du Mexique qu’au travers de la solidarité internationaliste.

Adopté par le CEI le 22 Février 2001.

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