« La gauche donne un spectacle lamentable »

, par KRIVINE Alain

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À l’occasion du déjeuner qui rassemble, ce mardi, une large partie de la gauche, à l’exception notable de la Ligue communiste révolutionnaire d’Olivier Besancenot, Alain Krivine, porte-parole de la formation trotskiste, livre sa vision de la gauche française.

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C’est dans un restaurant bio de la capitale, l’Auberge, que la Gauche s’est donnée rendez-vous ce matin pour traiter des sujets les plus propices à la discorde : l’Europe, les questions économiques et sociales, l’environnement, les institutions et les municipales. François Hollande (PS), Marie-George Buffet (PCF), Cécile Duflot (Verts) et Jean-Michel Baylet (PRG) se sont retrouvés sur fond de grogne sociale, avant le coup d’envoi du mouvement des salariés contre la réforme des régimes spéciaux. Absents, Jean-Pierre Chevènement (MRC), qui a préféré snober le repas, et Olivier Besancenot (LCR), indésirable « guévariste » pour le premier secrétaire du Parti socialiste.

  • Pourquoi la LCR est-elle absente du déjeuner qui regroupe plusieurs formations de gauche ce mardi ?

En lançant, fin août à La Rochelle, cette initiative, Hollande l’avait réservée aux partis de gouvernement, excluant de fait notre formation. Nous étions indésirables au sein d’un collectif auquel nous ne voulions de toute façon pas participer. Les partis présents vont classiquement conclure le déjeuner par une déclaration commune très générale n’engageant à rien et qui n’atténuera pas des divisions internes toujours vivaces. La seule stratégie qui devrait être mise en place est une alliance en vue des élections municipales.

  • Cette structure doit se réunir tous les mois. Est-ce la fin du Comité Riposte, autre collectif regroupant ces formations et dont vous êtes membre ?

Le Comité Riposte (sorte de comité de liaison de la gauche et de l’extrême gauche, NDLR) a été créé en 2006 lors des manifestations anti-CPE. A l’occasion de la dernière Fête de l’Humanité, le 18 septembre dernier, les chefs des partis l’ont réactivé, quelques heures après le discours de Nicolas Sarkozy sur les réformes sociales. Un communiqué en est sorti, mais la LCR n’a pas souhaité le signer. D’ailleurs, le PCF s’est rétracté peu après, arguant du vide de son contenu. Pour nous, c’est un collectif mort-né.

  • Certains évoquent la création d’un grand parti de gauche, allant des alter-mondialistes au centre-gauche. La LCR y a-t-elle sa place ?

Nous avons toujours pensé qu’il existait deux gauches : une libérale, le PS, et une de rupture que nous pensons incarner. Ces deux mouvances peuvent travailler ensemble et être unitaires quand la lutte et un front uni l’exigent. Cependant, nous ne pourrions en aucun cas participer à un gouvernement commun. La gauche de Hollande prouve chaque jour son incapacité à s’opposer à Sarkozy et son démembrement progressif fait le jeu de la majorité. Le rendez-vous d’aujourd’hui est le spectacle lamentable d’une gauche traditionnelle qui pénalise tout le monde, y compris la LCR. Notre formation en profite malgré elle, en continuant à attirer les partisans d’un véritable changement.

  • Quelle alternative peut offrir la LCR ?

C’est une semaine importante qui débute. Demain, nous rencontrons la direction de Lutte ouvrière afin de traiter des grandes mobilisations sociales en cours. Par ailleurs, de nouvelles discussions doivent se poursuivre, avec des membres du PCF, LO et des syndicats, concernant la création d’un nouveau parti pour l’horizon 2009. Il y aura de la place pour tout le monde, même pour José Bové, qui n’y voit pas forcément son avenir.