« La seule vraie insécurité est sociale »

, par BESANCENOT Olivier

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C’est à Guéret que s’est déroulé, hier soir, l’unique meeting d’Olivier Besancenot sur la Région Massif Central-Centre pour les Européennes. Choix symbolique de celle qui fut la capitale de la lutte pour la défense du service public où le porte-parole du NPA défila le 5 mars 2005.

Le lieu a été choisi pour le symbole : Guéret, capitale de la lutte pour la défense du service public. Guéret où défilait Olivier Besancenot le 5 mars 2005 et où il a tenu, hier soir, son seul meeting sur la région Massif Central-Centre. Le lieu pour défendre une certaine vision de la ruralité avec une PAC qui plafonnerait les aides par tête d’exploitant, réintroduirait les services publics et restaurerait l’indépendance alimentaire. L’occasion, surtout, de marquer sa différence à gauche. Interview du porte-parole du NPA.

  • Entre le 5 mars 2005 où vous étiez en Creuse et aujourd’hui, où vous y revenez, quel a été l’événement le plus marquant ?

C’est la crise. Une crise qui traverser tous les territoires. Le rural comme les quartiers, les étudiants comme les ouvriers avec des conditions sociales, de vie, qui se dégradent sans cesse. Et de quoi entend-on parler dans cette campagne ? Qu’est-ce qui occupe les écrans de télés ? L’insécurité, des portiques, des fouilles de gamins. Je ne nie pas qu’il y a des violences dans la société, mais la première d’entre elles, la vraie insécurité, elle est sociale. Qu’est-ce qu’ils en ont à fiche, les Sonas, de l’insécurité ? Les partis institutionnels, eux, vont parler de tout ? s’ils se décident à rentrer en campagne ? sauf de cette crise sociale qui occupe tous les esprits. Celle qui questionne l’Europe sur ce qu’il y a dans son assiette, sur les délocalisations, sur l’autonomie des universités ? tout cela étant dicté par cette Europe. Nous, nous y opposons par l’interdiction de licenciement à l’échelle européenne, le droit de veto au comité central des entreprises européen, un monopole bancaire public ?

  • Vous étiez à Sonas à la demande de la CGT, pourtant d’autres syndicats critiquent votre présence devant les usines ?

Nous, quand on va voir des entreprises en lutte, on n’arrive pas en questionnant sur leur malaise. C’est des collègues que l’on va soutenir. Tandis que certains épuisent les travailleurs avec des journées d’action dont on n’attend plus rien, des salariés se regroupent et fusionnent leur lutte comme les Goodyear et les Continental. Et ça, ça effraie vraiment leurs patrons.

  • Le PS vous reproche de ne rien représenter à l’échelon européen vu qu’il n’y a pas « d’Européenne trotskiste » pouvant faire basculer le Parlement ?

Nous avons des relais, dans un quinzaine de pays en Europe avec lesquels on partage un programme et les mêmes objectifs. Certes, ils n’ont pas de quoi faire basculer les choses, mais si le PS avait voulu faire basculer le parlement européen, ça fait trois décennies qu’il aurait dû le faire. Le problème, c’est que l’UMP arrive à mobiliser son électorat, sur des bases réactionnaires. Et que le PS, lui, n’y arrive pas. Qu’il mobilise les siens et ne vienne pas nous reprocher de ne pas le faire à sa place. Ce serait quand même le drame que le parti au gouvernement, impopulaire, sorte renforcé de cette élection.

  • Le Front de gauche creuse l’écart avec vous, vous l’avez expliqué par votre public électoral plus jeune. Mais la jeunesse a toujours été plus abstentionniste ?

Le NPA ne commande pas de sondages, quant à ceux qui tombent à point nommé, il n’y a pas grand-chose à en dire. Le seul sondage qui compte, c’est celui qui sortira des urnes le 7 juin. Sans oublier que dès le 8, le combat reprendra contre la droite. Certains, à gauche, nous attaquent. Nous, nous ne nous trompons pas de cible. La cible, elle est à droite dans une crise dont nous n’avons pas achevé le cycle. C’est un séisme social qui se profile et quand on voit ce que Lefebvre se permet de proposer à quelques jours de ce scrutin, imaginons ce qui nous attend après. Il faut de luttes. Et il nous faut des victoires.

P.-S.

Entretien paru dans Lamontagne.fr, édition du 27 mai 2009.

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