« Le tissu social se délite en territoire intérieur »

, par CARRASQUEDO Pedro

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Tout d’abord où en est-on de l’appel lancé à Lutte ouvrière ? Apparemment pas de collaboration puisque LO présente un candidat dans la quatrième circonscription...

Ce n’était pas un appel spécifique à LO mais plutôt au Front de gauche et à LO pour le 2e tour, pour donner un « 3e tour social ». À l’heure qu’il est, nous n’avons pas eu de réponse donc nous prenons acte et nous partons seuls. LO se présente en Pays Basque alors qu’ils n’ont personne. Pour eux c’est histoire d’être présents et puis il y a aussi des raisons financières. On touche de l’argent quand on fait plus de 1%. Notre candidature à nous est pertinente parce qu’on a des choses à dire.

Justement, comment allez-vous organiser votre campagne dans une circonscription coupée entre Béarn et Pays Basque ? Deux campagnes différentes avec des thématiques communes ou allez-vous uniquement vous centrer sur les points communs ?

Alors il y aura un socle commun puis les spécificités du Pays Basque. Le socle commun c’est l’arrêt de la spéculation foncière en Béarn et en Pays Basque, c’est un cancer qui ronge nos régions et accélère la désertification rurale, mais aussi la taxation des résidences secondaires et la transformation de la SAFER, aujourd’hui société anonyme et donc privée qui est une aberration. Nous sommes pour sa nationalisation immédiate. Pour ce qui est des spécificités basques, nous réitérons notre engagement à l’autodétermination, nous demandons aux Etats français et espagnols de s’impliquer, contre la répression et les mesures d’exception, pour le rapprochement des prisonniers, pour la consultation de l’ensemble de la population sur le devenir institutionnel du Pays Basque nord et pour la reconnaissance de l’euskara.

De la même façon, une solution politique définitive intéresse aussi un Béarnais, ça doit lui parler. C’est une question démocratique ça concerne même la France entière. Nous aurons des réunions publiques à Oloron, Tardets et Mauléon.

Ces trois villes reflètent-elles le secteur que couvrira votre campagne ? Vous êtes candidat sur un territoire très disparate et étendu. J’imagine que vous n’allez pas aller partout.

C’est sûr on ne va pas pouvoir être partout donc on va privilégier la Soule, où nous avons la plupart de nos militants, et le Béarn. J’aimerais bien faire la tournée des 16 villages de Haute-Soule mais c’est une campagne très courte.

Qu’attendez-vous du parti socialiste sur ces législatives ? Croyez-vous en la vague rose ?

Bien sûr nous participons de l’enthousiasme du départ de Sarkozy. Mais nous sommes sans illusion aucune. Nous pensons que rien ne sera arraché autrement que par la mobilisation des travailleurs. Des urnes, il ne sort rien de constructif.

En écoutant votre programme, on ne peut s’empêcher de remarquer qu’il ressemble énormément à celui d’EH Bai [1] ou inversement. Avez-vous pensé à une alliance, ou du moins ne pensez-vous pas qu’elle aurait pu être bénéfique ?

On y a pensé très fortement mais la rapidité du calendrier ne nous en a pas laissés le temps, EH Bai avait déjà déposé ses candidatures. Nous partageons quasi intégralement, à la nuance près, les mêmes idées sur la question démocratique, sur le droit du peuple basque, sur l’institution ou sur l’agraire. En tout cas sur la quatrième nous sommes ouverts à tout. Mais oui, il aurait mieux valu une candidature commune NPA et EH Bai. Nous ne sommes en rien en concurrence.
Ceci dit EH Bai ne va pas assez loin sur l’agraire. Il est aberrant que la SAFER soit une société privée. ça ne veut pas dire qu’EH Bai ne le remet pas en cause, mais peut-être n’y ont-ils pas pensé. Ce n’est pas une divergence, mais disons que nous allons jusqu’au bout du processus.

Votre circonscription est d’abord celle de la ruralité. Quelles sont les propositions que fera le NPA pour répondre aux exigences de ce territoire ?

Cette circonscription est touchée par le problème de l’exode rural. Il n’y a pas de travail pour les jeunes or nous voulons qu’ils puissent rester là où ils ont envie d’habiter. Ils ne peuvent pas non plus se loger. Le problème des résidences secondaires n’est pas seulement celui de villes de la côte. À Larrau ou Sainte Engrâce c’est pareil. Les habitants s’en plaignent parce que c’est la mort du village.

Qu’est-ce qu’il en est du service public et de l’isolement de certaines populations ?

Nous sommes résolument opposés à tout démantèlement du service public. Pareil pour les hôpitaux, l’EHPAD de Mauléon par exemple serait en train de subir une asphyxie financière et l’on parle de réduire la masse salariale. C’est un énorme problème. La fermeture des voies ferrées entre Tardets et Mauléon est un autre exemple. Le tissu social se délite à l’intérieur du fait des gouvernements successifs et du démantèlement du service public.

Si vous êtes élu député, satisferez-vous à la demande du collectif Jon Anza qui demande l’ouverture d’une enquête parlementaire sur sa disparition ?

Je suis à mort pour l’ouverture immédiate de toutes les archives. Il faut que la lumière se fasse.

Au second tour, imaginons les trois forces UMP Modem et PS en tête, que fera le NPA ? Suivra-t-il la même ligne que pour les présidentielles (report sur F. Hollande) ?

On verra au soir du 1er tour pour donner nos voies mais on ne les donnera pas à la droite. L’indication de Philippe Pouton pour Hollande peut vous laisser voir l’inclinaison. Personnellement je n’ai pas très envie de voter Maitia si par exemple il ne se prononce pas pour sauver les emplois de l’hôpital de Mauléon.


NOM : CARRASQUEDO
Prénom : Pedro
Âge : 61 ans
Profession : Documentaliste
Domicile : Ourtiague
Famille politique : NPA
Parcours et mandats : Membre de l’Organisation communiste internationaliste de Pierre Lambert, il fonde, après son exclusion de ce mouvement, le Groupe La Commune (moréniste). Actuellement, élu au Conseil politique national du Nouveau Parti Anticapitaliste.
Suppléant : Eric Laclau, ouvrier métallurgiste, domicilié à Oloron.