Pays Basque

« Les gouvernements continuent à creuser les inégalités entre citoyens »

, par MARTIN Myriam

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Le 7 juin sera le premier rendez-vous électoral pour le Nouveau Parti Anticapitaliste. Myriam Martin, professeur dans un lycée professionnel, mène la liste du NPA dans la circonscription du Sud Ouest. Elle répond aux questions du Journal du Pays Basque. L’entretien a été réalisé avant les déclarations de Michèle Alliot-Marie sur la LGV de ce week-end.

L’Union Européenne agit dans le quotidien des citoyens, pourtant, les sondages prévoient un fort taux d’abstention au prochain rendez-vous électoral. Quelles sont les raisons de cette indifférence ? Que devrait être l’Europe pour que ses citoyens s’y intéressent ?

Plus de 85% des lois qui régissent nos existences sont issues de l’union européenne et ont été établies en dehors des peuples d’Europe. Le projet d’une Europe libérale et non démocratique a été rejeté en France, aux Pays-Bas et en Irlande. Or, les gouvernements via Bruxelles continuent de nous imposer ces choix de société qui creusent les inégalités entre les citoyens européens. Le non-respect de la volonté des peuples entraîne un sentiment d’impuissance qui les détourne de cette élection.
Le NPA veut construire une Europe réellement démocratique dans le cadre d’un processus constituant démocratiquement décidé par tous les peuples d’Europe.

Que va changer le traité de Lisbonne dans la vie des habitants du Pays Basque, selon vous ?

Au Pays Basque comme dans le reste de l’Europe, les politiques de l’UE encouragent le chômage, la précarité, les temps partiels imposés, l’intérim avec des revenus et des retraites amputées, tout cela pour le plus grand profit d’une poignée d’actionnaires et de dirigeants. C’est exactement l’orientation du traité de Lisbonne, une orientation libérale.
À l’inverse, l’Europe que nous voulons unifiera par le haut les droits sociaux, les conditions de travail, les retraites et la législation sociale.

Après la crise financière, la crise économique et sociale frappe à la porte. Quelle mesure prioritaire proposez-vous pour faire face à elle ?

Contre la mise en concurrence des salariés européens, l’Europe que nous voulons rendra obligatoire un salaire minimum, équivalent en pouvoir d’achat, dans chaque pays européen. L’urgence c’est l’augmentation de tous les revenus de 300 euros net par mois.
Pour ce faire, il faut imposer une autre répartition des richesses. Les salariés, la population doivent contrôler les comptes des entreprises et les mouvements des capitaux ainsi que la banque centrale européenne, aller vers un pôle bancaire public européen sous contrôle des usagers et des salariés, dont le crédit servira à répondre aux besoins sociaux (services publics, logements etc.). Nous devons imposer la fermeture des paradis fiscaux et la taxation des profits.

La Ligne à Grande Vitesse Sud Europe Atlantique est un projet à dimension Européenne dont les conséquences seront aussi locales. L’opposition est croissante au Pays Basque nord comme au sud. Est-ce qu’elle remet en question le projet ou une partie du projet ?

La LGV rencontre une opposition croissante de la population et de nombreux élus au Pays Basque nord comme au sud. Nous sommes contre, notamment une partie du projet qui n’a que des objectifs productivistes pour gagner moins de 10 minutes entre Dax et la frontière et qui supprimerait 9 hectares de terre par kilomètre de voie nouvelle ! Nous proposons, sur ce tronçon, une ligne TGV pendulaire utilisant les voies existantes. Cela représente beaucoup moins d’investissements, très peu de perte de temps et de dégâts écologiques.

L’État français ne ratifie pas la charte européenne des langues minoritaires et la langue basque est en constant déclin au Pays Basque nord. Que proposez-vous pour que l’Europe agisse de manière plus efficace dans la survie des langues minoritaires ?

Nous militons pour que la France ratifie la charte européenne des langues minoritaires. Nous proposons que soit mis en place dans le système public la pédagogie de l’immersion qui a fait ses preuves dans les Ikastola. La sauvegarde des langues minoritaires passe aussi par la co-officialisation de ces langues dans les régions concernées.

Réunis dans un groupe appelé Friendship, le rôle d’un certain nombre de députés européens, dans le dernier processus de négociation pour une résolution politique du conflit basque a été important. Le Parlement européen avait encouragé le dialogue entre l’ETA et le Gouvernement espagnol. Pensez-vous que l’Europe pourrait de nouveau encourager ce genre d’initiative ? Quelle serait votre position ?

Pour nous, la résolution du conflit ne passe que par une solution politique. Le rôle du parlement européen doit être d’encourager le dialogue entre ETA et le gouvernement espagnol. Malheureusement d’un côté comme de l’autre, on ne voit pas d’où pourrait venir une telle initiative à l’heure actuelle.

Le NPA participe à ses premières élections après son processus de constitution. Le nombre de listes de gauche qui se présentent montre que ce processus n’a pas intégré toute la gauche anticapitaliste. Serait-ce un jour possible ? Est-ce cela votre objectif ?

L’objectif du NPA, pour la période, est de regrouper toute la gauche anticapitaliste. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. LO refuse toute alliance et après plusieurs concertations, nous avons refusé de faire un simple « coup électoral », comme nous le proposait le Parti de Gauche (PG), que pour les européennes. Ni le PCF, ni le PG ne voulaient renoncer à s’allier avec le PS pour les régionales dans quelques mois. Or, il n’est pas dans notre éthique politique de s’allier un coup avec des partis qui iront, aux prochaines élections, avec le PS qui a été à l’initiative de toutes les privatisations des services publics en Europe.
Par ailleurs l’invalidation du maire UMP de Perpignan il y a peu de temps nous a permis de vérifier si ces partis étaient prêts à l’unité dans le cadre d’un exécutif local : nous avons invité à constituer l’unité pour une liste commune aux municipales le PCF, le PG et LO. LO a accepté mais le PCF a refusé arguant qu’il partait dès le premier tour avec le PS afin de préserver des élus !

Nous ne nous découragerons pas et ferons pour les régionales la même proposition d’une unité durable, résolument indépendante de la social-démocratie.