- Olivier Besancenot, lors de la manifestation contre la réforme des retraites le 24 juin 2010.
- © FRED DUFOUR/AFP.
Le NPA tient ses universités d’été de mercredi à dimanche à Port-Laucate (Aude). Les militants réfléchiront sur l’échec de leur parti aux régionales (2,5 % contre 6,9% pour le Front de gauche) et la manière de rebondir. Olivier Besancenot, qui n’arrivera dans l’Aude que vendredi, seul jour que lui a accordé son employeur (La Poste), reconnaît des erreurs stratégiques mais fonde beaucoup d’espoir sur la mobilisation engendrée par la réforme des retraites.
- Quels sont les enjeux de votre université d’été ?
C’est notre pré-rentrée sociale et politique. On commencera à préparer la grande manifestation du 4 septembre contre la politique raciste et sécuritaire de Nicolas Sarkozy et celle du 7 contre la réforme des retraites. Ces deux rendez-vous sont complémentaires. Il faudra faire en sorte que la rentrée ait bien lieu sur le terrain de l’insécurité sociale mais répondre aussi à la politique sécuritaire de Sarkozy. C’est le régime des plus riches et la politique de la peur. C’est aussi l’occasion de lancer des réflexions sur des questions de fond qu’on n’a pas eu le temps de traiter avant, parce qu’on avait la tête dans le guidon. On revendique d’apprendre en marchant.
- Il faudra aussi trouver le moyen de rebondir après l’échec des régionales ?
On réfléchit ensemble mais également avec des personnalités extérieures au NPA sur ce que pourrait être un autre type de pouvoir, sur la question du partage des richesses ou du temps de travail. Il faut corriger ce que le NPA n’a pas encore eu le temps de faire : apporter des réponses théoriques et programmatiques pour qu’un nouveau projet de société soit possible. C’est aussi ça, la raison de notre revers électoral aux régionales.
- Vous avez exprimé l’envie de prendre du recul, de ne plus être porte-parole, c’est une manière d’acter l’échec de la stratégie du parti ?
Attendez ce n’est pas un recul, je serai toujours à la direction du NPA, je participerai aux débats. L’échec aux régionales, nous l’assumons mais ce que je dis, c’est qu’il a posé le problème politique d’une personnalisation à outrance. Je suis un militant, je suis un combattant, je le resterai, mais il faut faire apparaître de nouveaux visages qui portent ces luttes. Ces militants, nous les avons déjà en magasin. Vous savez, la seule école qu’on connaît, c’est celle de la rue.
« Ce n’est pas le moment de trembler »
- Il faudra aussi régler la question des alliances, ou pas, avec le Front de gauche...
C’est vrai que la stratégie radicale et unitaire n’a pas réussi lors des dernières élections. La stratégie d’alliances à géométrie variable était illisible. C’est un sujet qui sera surtout abordé au congrès. Il faut redéfinir notre place dans l’espace politique aussi, parce qu’entre la création du NPA (février 2009) et aujourd’hui, notre espace est plus restreint avec le reflux des luttes sociales.
- Paradoxalement, avec la crise sociale et économique vous êtes moins audible ?
Nous sommes forts seulement lorsque les gens ont confiance dans leurs propres forces, quand les luttes collectives fonctionnent. Quand il y a la crise économique, ce n’est pas la solidarité qui l’emporte, on le sait. Une crise économique et politique comme aujourd’hui, ça peut produire le meilleur comme le pire : une lutte collective dont on sort gagnant ou le chacun pour soi, où on préfère s’en prendre au voisin d’à côté, surtout s’il a un accent différent, surtout s’il a une couleur différente, plutôt qu’à ceux d’en haut.
- La réforme des retraites, c’est la mère de toutes les batailles ?
En tout cas, elle symbolisera le rapport de force entre le mouvement ouvrier et Nicolas Sarkozy. L’issue de 2012 se joue sur cette bataille. Si le mouvement ouvrier ne la remporte pas, alors Nicolas Sarkozy pourra continuer à faire passer ses réformes injustes. Ce n’est pas le moment de trembler. Et c’est pour ça que nous menons une campagne unitaire depuis le mois de mai sur le sujet.
- Vous n’avez pas l’impression que les Français sont résignés, qu’ils savent cette réforme indispensable ?
La bataille de l’opinion reste à gagner. On a un rouleau compresseur face à nous. Ce que je sais, c’est que cette réforme n’est pas populaire et qu’il faut transformer cela en victoire possible. Il faut qu’on l’explique, qu’on peut faire une réforme différente sans toucher aux 60 ans et donc faire une campagne politique pour mobiliser les Français dans la rue le 7 septembre.
- Tout passe forcément par la rue ?
Je veux bien qu’on me donne une autre recette... Il se trouve qu’en France, c’est comme ça, la rue a du pouvoir. C’est l’histoire des luttes et des résistances de notre pays. En 2006, on a fait reculer le gouvernement sur le Contrat première embauche qui était déjà voté à l’Assemblée, je le rappelle, ce qui n’est pas le cas de la réforme des retraites. Je n’ai pas envie de faire partie de cette génération qui aura laissé perdre cet acquis arraché par nos grands-parents.