Les manifestations du PCF contre la hausse du prix de l’essence ont été un échec. La LCR, pour sa part, après discussion sur un autre cadre de mobilisation, préparé plus sérieusement, et présentant un caractère moins politicien, a refusé de s’associer à ces initiatives. Ces mobilisations, passées inaperçues sont significatives d’une façon de faire régulièrement pratiquée par le PCF pour gérer les contradictions liées à sa participation gouvernementale.
Au moment où l’équipe Jospin est affaiblie par les démissions de Straus Kahn, de Sautter, d’Allègre, de Chevènement, et par les sautes d’humeur des Verts, Jean-Claude Gayssot, ministre PCF, apparaît comme un des piliers de la coalition gouvernementale de la gauche plurielle. Or, dans une conjoncture de rentrée marquée par des tensions sociales et politiques, par un mécontentement grandissant, il devient urgent pour la direction du PCF de ne pas trop coller à la politique du gouvernement.
Opération grossière
On monte alors un bon plan. Du haut des tréteaux de la fête de l’Humanité, la direction du PCF appelle à manifester, adopte des thèmes de la manif, décide du jour de manifestation et convoque le lundi soir, à son siège national, une réunion unitaire de toute la gauche pour faire avaliser sa proposition !
Et en même temps, on justifie une telle précipitation en expliquant que le gouvernement s’apprête à faire une annonce visant à baisser de 20 centimes le prix de l’essence. Et voilà, le tour est joué. Le PCF pourra se targuer d’avoir obtenu grâce à la « mobilisation » un petit quelque chose grâce à sa politique, côté cour et côté jardin !
Pour la LCR, il était donc exclu de couvrir une aussi grossière opération. Pour autant, nous avons proposé, au PCF et à l’ensemble des syndicats, partis, associations, une autre perspective : une vraie manifestation, nationale unitaire, préparée avec le temps nécessaire pour la réussir ; une manifestation de contre-offensive sociale, contre la hausse des prix, y compris celui de l’essence, sur les salaires, l’emploi, bref, posant la question d’une autre politique pour une redistribution des richesses.
Visiblement, le PCF n’a manifesté aucun intérêt pour ce genre d’initiative, plus soucieux qu’il était de limiter la protestation à la seule hausse du prix de l’essence.
Mais quelle n’a pas été notre surprise de voir Lutte ouvrière suivre le PCF dans cette galère ! Nous avions déjà eu des appréciations différentes sur l’articulation entre la nécessité de faire des propositions unitaires au PCF et l’indispensable critique de son orientation. Mais nous ne pensions pas que LO irait jusqu’à soutenir des initiatives d’appareil comme celle de jeudi dernier, ne visant qu’à couvrir la politique de ce parti vis-à-vis du gouvernement.
Au moment où nombre de militants s’interrogent sur ce « petit jeu », le rôle des révolutionnaires n’est pas de suivre le PC, mais de présenter une orientation clairement alternative : des propositions unitaires, oui, mais aussi une critique de sa politique.
Sur ce terrain-là, l’unité entre LO et la LCR peut vraiment constituer un point d’appui pour avancer dans la voie d’une alternative à la politique du PCF.
L’opposition à la politique gouvernementale, c’est aussi cela.