Une histoire des mouvements révolutionnaires

, par LANUQUE Jean-Guillaume

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Enseignant d’histoire-géographie dans le secondaire, Jean-Guillaume Lanuque mène en parallèle des recherches sur le trotskysme, préparant en particulier une thèse d’histoire sur Les trotskystes français et la question coloniale : le cas de l’Algérie (1945-1965). C’est dans cette optique qu’il est aussi membre du conseil d’administration du CERMTRI (le Centre d’études et de recherches sur les mouvements trotskystes et révolutionnaires internationaux). Il est également coordinateur de l’équipe du Maitron (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français), chargée du corpus « extrême gauche (marxiste) » et directeur de publication de la revue Dissidences. Bulletin de liaison des études sur les mouvements révolutionnaires, qu’il présente ici.

Ce mois de septembre 2000 sort le sixième numéro du Bulletin de liaison des études sur les mouvements révolutionnaires, désormais titré Dissidences (l’expression BLEMR servant à présent de sous-titre). Depuis le lancement du projet en juin 1997 dans une conjoncture qui nous semblait favorable, puis la formation d’une équipe de rédaction autour d’une déclaration d’intentions, fruit d’une maturation collective, et la sortie du premier numéro en décembre 1998, la revue est parvenue vaille que vaille à élargir son audience, principalement grâce à l’écho fait par la presse militante et, dans une moindre mesure, par celle du monde de la recherche, ainsi que par l’indispensable bouche à oreille et les efforts de plusieurs lecteurs motivés. Le débat que deux membres de notre rédaction ont animé à la dernière université d’été de la LCR marque une avancée supplémentaire dans ce sens. Il faut reconnaître que nos moyens restent malgré tout limités : nous ne recevons aucune aide ou subvention, et le champ d’étude auquel nous nous intéressons, les mouvements révolutionnaires de gauche, s’il est effectivement vaste, reste marginalisé par l’université et la recherche.
Notre objectif, avec cette revue, était de constituer un pôle d’attraction, un point de référence et un lien entre tous ceux, « professionnels » comme amateurs, qui s’intéressent et travaillent sur l’histoire et l’analyse de ces mouvements révolutionnaires, politiques ou culturels, afin d’unifier des dynamiques qui avaient tendance à demeurer trop souvent isolées. C’est ainsi que nous publions, tous les quatre mois, des recensions de sites Internet, de revues et de livres, que complètent des comptes rendus de lecture, des bibliographies et chronologies thématiques, des présentations de centres d’archives et d’éditions, afin de constituer des bases de données utilisables par le plus grand nombre ; nous nous efforçons en outre de lancer et d’animer des débats par le biais de tribunes et du courrier des lecteurs. Une formule de dossier, en vigueur depuis notre cinquième livraison, et que nous comptons rendre régulière, permet d’orienter un peu plus le contenu du numéro (celui du sixième est ainsi consacré au surréalisme). Quant à notre liste de chercheurs, ouverte à toute personne qui en fait la demande, elle ne cesse de s’enrichir, et permet de tisser des liens entre tous.
Mais nous ne comptons pas nous arrêter là. La revue est en évolution permanente, et un site Internet s’est même ouvert depuis peu, qui permettra, nous l’espérons, de développer le caractère international de notre initiative, et de publier tout ce qui ne peut l’être dans l’édition papier, comme les annonces de manifestations ayant un lien avec notre propre démarche ; nous offrons également à chaque chercheur inscrit dans notre liste de disposer d’une page personnelle. Par ailleurs, nous espérons bien profiter des réseaux de chercheurs ainsi cristallisés pour mener des travaux en équipe, tenir des journées d’études voire des colloques sur des sujets précis, et produire hors série et ouvrages collectifs, qui éclaireraient d’un jour nouveau l’extrême gauche. Ce n’est qu’ainsi que parviendra progressivement à se mettre en place une histoire dépassionnée, qui puisse faire sienne les critères « scientifiques » de la méthode, sans négliger la sympathie ou l’engagement, mais en les exposant avec clarté ; une histoire capable d’assimiler les acquis des travaux passés, pour les dépasser dans le cadre d’une démarche interdisciplinaire avec les autres sciences sociales et humaines (sociologie, anthropologie, psychologie, linguistique, etc.).
C’est le prix à payer pour réussir à fournir les bases d’une information rigoureuse, exempte de clichés et autres caricatures, sans faire de l’histoire pour l’histoire, mais en contribuant à enrichir un patrimoine social, indispensable pour les militants eux-mêmes. Ainsi que le disait Alfred Rosmer (dans le Mouvement ouvrier pendant la guerre, une citation que nous avons choisi de reprendre dans Dissidences), « L’historien qui supprime des faits, biffe des noms, tronque des textes, en falsifie d’autres, se condamne donc à une oeuvre vaine et éphémère ; les procédés auxquels il a recours ne font que dénoncer d’avance la fragilité de la thèse qu’il veut imposer. Pareils travaux n’apportent à la classe ouvrière ni enseignement ni aide pour son action ; ils la désarment et la desservent. » Avec cette ambition en filigrane, n’hésitez pas à nous rejoindre et à nous aider, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues !

— Pour toute correspondance, écrire à :
Dissidences. Bulletin de liaison des études sur les mouvements révolutionnaires (BLEMR)
c/o Jean-Guillaume Lanuque
appt. 107
entrée B
13, rue de Malzéville
54 000 Nancy.

Source

Rouge, n° 1891, 28 septembre 2000.

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